L'histoire :
Au XVIIIème siècle, Charles-Henri Sanson exerce la profession de bourreau à Paris. Son activité lui fera voir de nombreuses personnalités parmi lesquelles Louis XVI ou Marie-Antoinette… Mais avant cela, en 1757, un événement peu commun le marquera à vie. Il dirige à cette époque l’exécution d’un criminel, Damiens, régicide envers la personne du roi Louis XV. Cet épisode le marquera pendant un long moment, comme le confira à sa grand-mère quant au déroulement de la cérémonie. Dès le départ, rien n’allait : l’un des assistants s’était fait porté pâle, laissant sa place aux tenailles à quelqu'un d’autre. Il avait attendu un moment, mais devant les remontrances de la foule, le prêtre l'avait pressé de débuter rapidement. Ils commencèrent par lier l’arme du criminel à sa main par le feu du soufre. Ce qui aurait du prendre cinq minutes en prit bien plus… Son oncle, également de la partie, devait alors inhaler trop de fumée et avoir un étourdissement. La main de Damiens enfin brûlée, il était temps de passer aux tenailles. Sanson, contraint, commença à s’en charger, sachant que pour Damiens, la souffrance était loin d’être terminée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Simon Hureau est un auteur surprenant. Dans cette réédition colorisée par Lucie Firoud d'un album de 2008 (déjà chez la Boîte à Bulles, mais en noir et blanc), il adapte les mémoires de Charles-Henri Sanson, bourreau de profession, ayant vu défiler le gratin du XVIIIe siècle, dans son style graphique caractéristique. Le one-shot nous fait notamment découvrir une exécution qui est tout sauf classique, puisqu’il s’agit de faire souffrir un régicide, autrement dit un homme qui a attenté à la vie du Roi. La scène se passe en 1757, alors que la guillotine n’existe pas encore et que les sévices physiques sont nombreux. L’écartèlement et les tenailles sont quelques-unes des épreuves que va subir Damiens. Le lecteur se fait ainsi spectateur de cette exécution, partagé entre deux sentiments : le dégoût devant la cruauté des moyens utilisés, explicites, et un autre plus léger avec des personnages décalés. On apprécie la touche d’humour subtil, et pas si évident à instiller, dont fait preuve Hureau. La narration alterne ces deux types d’approches avec un réel talent, tout comme le récit s’alterne entre différents points de vue de personnages. On s’amuse tantôt des mœurs légères de l’époque (la gigantesque partie de jambes en l’air), mais on constate aussi tantôt leur violence (le couple volant le bébé). Les dessins sont fins, les personnages détaillés, les décors… un peu vides. Un titre drôle, prenant et parfois éprouvant. A réserver aux adultes (vu certaines scènes)…