L'histoire :
A Séoul (Corée du Sud), c’est la fin du lycée pour Seong-Li et Jiwong, deux inséparables amies. Depuis leur plus tendre enfance, elles partagent tout : leur classe, leurs ressentis, leurs sucettes au coca, leurs « like » sur Insta… et même leurs chirurgies esthétiques. Avec l’accord de leurs parents, pour les féliciter de leur entrée à l’université, elles ont décidé de se faire refaire le nez. Or l’année prochaine, pour la première fois, elles vont être séparées, dans des universités différentes. Et cette perspective plonge Seong-Li dans un profond désarroi. Ce trouble est d’autant plus accentué qu’il n’a pas l’air d’éprouver Jiwong, impatiente de profiter de sa future indépendance. Le soir de leur séparation, c’est une sorte de gouffre qui s’ouvre pour Seong-Li. 37 jours plus tard, Seong-Li étudie la comptabilité et elle finance ses études en tenant une supérette nocturne. Elle a peu de clients et ceux-ci sont souvent des pervers ou des incontinents. Elle se sent très seule et ne pense qu’à sa vieille copine. Elle compte les jours depuis leur séparation et elle n’ose faire le premier pas vers elle, attendant qu’elle le fasse. Elle regarde souvent la nuit, assise devant sa boutique. Elle compte les fenêtres allumées. Ce faisant, elle repère le petit jeu étrange d’une femme, qui « visite » différents appartements ne lui appartenant pas, chaque nuit. Un soir, cette dernière l’aborde dans son épicerie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers cette histoire en one-shot se déroulant dans le cadre hyper urbain de Séoul, en Corée du Sud, le français Samir Dahmanie nous narre l’histoire sensible d’une amitié qui dépasse le cadre de l’amitié, pour devenir un amour lesbien obsessionnel, mais platonique. Tout tourne autour des sentiments renfrognés de l’héroïne Seong-Li, qui peine à comprendre son propre ressenti pour sa vieille copine qu’elle ne voit plus et qui l’a semble-t-il oubliée. Amitié ? Amour ? Manque obsessionnel ? Seong-Li passe ses nuits seule, jusqu’à faire la rencontre d’une autre femme, au comportement ambigüe, qui va lui ouvrir les yeux sur sa nature. Et sur la douloureuse sensation qu’une séparation divergente s’opère dans une vie. Un grand soin est apporté aux ambiances urbaines nocturnes, à la fois calmes, contemplatives et inquiétantes, parfois oniriques. La narration prend son temps d’installer son lecteur dans une interminable nuit, pleine d’intériorisation et de regard sur son propre destin, tout au long des 144 pages dessinées à l’aquarelle, dans un style mi franco-belge, mi manwha. L’auteur connait bien la Corée, sa culture et ses paysages urbains (il est l’époux de YunBo, l’autrice de Seizième printemps) et cela se ressent bien à la lecture.