L'histoire :
Mogadiscio, en 2008. La maman de Samia Yusuf Omar emmène sa famille chez un voisin à elle, qui possède un poste de télévision. Tous sont devant l’écran afin de voir la course de qualification de Samia aux jeux olympiques de Pékin. Les éliminatoires du 200m femmes commencent. Samia apparaît sur l’écran. Sa mère la trouve un peu maigrichonne, mais elle se tient sur la ligne de départ face aux autres athlètes. Soudain, c’est le départ. Les sprinters s’élancent puis franchissent la ligne d’arrivée quelques secondes plus tard. Il reste une concurrente encore sur la piste... c’est Samia qui est dernière, mais qui ne renonce pas et franchit enfin la ligne. Sa mère se fiche bien d’ailleurs qu’elle soit dernière de la course. Avant tout, elle a couru aux jeux olympiques et c’est déjà beaucoup. De retour des jeux, Samia rentre en Somalie retrouver sa famille. Elle poste sur sa page Facebook son ressenti après cet exploit sportif, même si son résultat n’était pas à la hauteur de ses espérances…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le dessinateur et scénariste allemand Reinhard Kleist rend ici un hommage vibrant à la jeune sportive somalienne Samia Yusuf Omar, décédée tragiquement en 2012 dans une périlleuse traversée migratoire en méditerranée. L’auteur raconte le parcours de vie très court de cette jeune athlète qui a, jusqu’au bout, voulu aller au bout de son rêve d'athlète. Kleist s’est donc fait enquêteur, afin de reconstituer le parcours chaotique et difficile de Samia, de chez elle en Somalie jusqu’au dénouement macabre en méditerranée. A l’époque, Samia laissait entre autre des posts sur sa page Facebook afin de dire ce qu’elle faisait et où elle se trouvait pendant son périple. Ce récit montre la force et la détermination de l'athlète, ainsi que les difficultés pour assouvir son rêve. Elle doit se battre d’abord seule face au manque de moyens techniques et financiers fournis par son pays en ruine. Elle doit aussi affronter l’oppression religieuse du mouvement islamiste Al-shebab. Trop de raisons pour ne pas rester. A l’aide d’un dessin noir-gris-blanc stylisé et jeté, prenant place dans des cadrages et une composition narrative équilibrés, l’auteur retranscrit idéalement la courte biographie de l'athlète. On prend ainsi conscience de l’énergie incroyable que Samia a du trouver en elle pour, hélas, avoir un destin brisé par un drame de l'immigration.