L'histoire :
Septembre 2013. Cela fait environ 6 mois que François Bozizé est tombé. Lâché par la France et la CEMAC (Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale), il est le dernier des Présidents chrétiens à avoir dirigé la République centrafricaine, pendant 60 ans. Michel Djotodia s'autoproclame Président. Il est le premier musulman à diriger le pays. En seulement quelques mois, sous l'effet de la propagande religieuse qui a suivi le putsch, le fossé s'élargit entre chrétiens et musulmans. Les représailles deviennent quotidiennes et les milices des ex-rebelles se vengent aussi en toute impunité. Bangui est devenu un territoire divisé, où chaque rue est un territoire à prendre pour chaque faction. Les snipers sont sur la plupart des toits et tirent sur tout ce qui bouge. Tout le pays s'embrase et chaque jour on déplore des centaines de victimes...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette BD est le témoignage du quotidien de Didier Kassaï, habitant de Bangui « la Roquette ». On comprend à la fin du livre que lui et sa famille ont été pris par les ravages fous de la guerre. Cette BD, celle qu'on lit, a eu une petite sœur aînée. Des dizaines de planches réduites en cendres, comme tout le reste de son appartement, de ses souvenirs. Bangui devenue une ville exsangue, aux rues jonchées de cadavres, aux « sites de déplacés », c'est à dire des camps de milliers de réfugiés... Bangui, « ville de la peur »... Didier Kassaï retranscrit ainsi les horreurs de la guerre civile en République Centrafricaine et son récit décrit la mixité de sa société, qui cède à la pire violence. Le contexte politique et international, si contemporain, remet à sa place ce que les autorités françaises ont laissé faire, jusqu'à réagir trop tard pour endiguer les massacres avec l'opération militaire Sangaris. Mais personne n'est pointé du doigt : ni les Séléka, ni les pro Bozizé, ni les anti Balaka, car tous sèment la terreur. Le lecteur est ainsi renvoyé dos à dos avec des protagonistes, alors qu'il devient le témoin des pires atrocités commises par chaque camp. Les pages se succèdent, toutes plus effrayantes les une que les autres, car elles contiennent la réalité. Et on quitte Didier au moment où il semble avoir tout perdu, réfugié dans un site qui compte plus de 150 000 personnes, sans nouvelle de sa famille. Alors on n'a pas envie de les lâcher. Rendez-vous où tu peux, Didier, pour le tome 3...