L'histoire :
Le détective Nadir Oualou occupe son bureau dans une cité du « neuf-trois » dans une cave au fond d'un parking. Il reçoit la visite d’une cliente, Nicole Benamou, qui lui demande d’aller chercher sa fille en Algérie. Elle lui raconte alors son histoire, la façon dont elle a rencontré son futur mari, Saïd Benamou, comment ils se sont mariés et leur départ en Algérie. Elle poursuit avec leur retour en France et la naissance de leur fille Mina. A l’occasion d’un retour en Algérie pour le mariage du beau-frère, Nicole remarque que les choses sont en train de changer rapidement. Les femmes sont voilées et l’atmosphère est plus pesante. Le FIS, le parti politique islamiste, est en plein développement ; et Saïd, le mari de Nicole se laisse embobiner par son frère. Le jour du départ, il refuse de rentrer en France mais surtout il empêche Mina de partir avec sa mère. Nicole n’a pas d'autre choix que de rentrer seule. Et depuis, elle n’a plus de contact avec son enfant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Gyps et Lounis Dahmani présentent un récit amusant mettant en scène un détective français d’origine algérienne. Ce dernier se voit confier une enquête qui le mène en Algérie, son pays d’origine. En trame de fond, les auteurs mettent en évidence les changements de la société algérienne – avec l’arrivée des islamistes dans les années 80 – mais aussi les peurs des émigrés qui reviennent au pays. Avant tout, ils montrent le changement idéologique que des personnes influençables adoptent et les conséquences que cela engendre dans la vie quotidienne. Ici, c’est le combat d’une mère pour retrouver sa fille. L’humour apporte une décontraction dans cette histoire plutôt triste, et donne au récit un bon rythme de lecture. On suit ainsi les pérégrinations du français Nadir Oualou en Algérie, son pays d’origine, dans lequel il ne sent pas du tout à l’aise. Finalement, les auteurs montrent aussi les difficultés d’un émigré qui, d’un côté comme de l’autre, se trouve systématiquement stigmatisé par ce qu’il est, ou plutôt ce qu’il n’est plus. Le dessin de Dahmani retranscrit parfaitement l’ambiance du récit avec des personnages semi-réalistes parfois bien caricaturés. Les clins d’œil sont nombreux dans cette première enquête de Oualou, qui semble d’ailleurs ne pas être la dernière.