L'histoire :
Devant la bouille réjouie d’un gamin aux côtés de sa maman, Fabcaro se prête volontiers à l'exercice de la dédicace et lui propose de choisir entre un Tintin, un Titeuf ou un Mickey. Mais le gamin lui demande un truc hyper compliqué qui n’a rien à voir avec son registre : Mlle Sunnymoon en train de danser, mais dans un style plus lâché, genre Baudouin, devant un immeuble qui évoque un peu l’univers de de Crécy…
Toujours en dédicaces, Fabcaro papote avec son voisin de table. Celui-ci lui fait le catalogue de toutes les séances de dédicaces qu’il a prévu dans les semaines et les mois à venir. Or, il ne s’agit que des plans de seconde zone, genre rayon de supermarché de patelins inconnus. Et il conclut en se plaignant de ne plus être peinard, maintenant qu’il connaît la gloire…
Seul chez lui face à sa feuille à dessin, Fabcaro se lance avec un entrain dans un projet d’envergure : son perso en contre-plongée avec la cathédrale derrière. Puis, après quelques coups de crayon et mûre réflexion, il décide que d’un point de vue narratif, ça marchera mieux avec le visage en gros plan…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quand la BD raconte le milieu de la BD... Ce tout petit ouvrage publié par la Cafetière condense une cinquantaine d'historiettes de 4 cases en noir et blanc qui ont majoritairement été pré-publiées dans le mensuel Zoo. Il s'inscrit dans un registre proche de ce que font, également au sein de ce magazine gratuit, Sergio Salma et Libon avec leur Animal lecteur. La différence vient de ce que Fabcaro singe ici la difficile condition d'auteur de BD, plutôt que celle d'un libraire débordé par la surproduction et le fétichiste des lecteurs. Fabcaro se met donc en scène en auteur totalement looser : en famille ou en festival, en discussion entre collègues ou face à son éditeur, il ne gagne pas grand-chose, son travail de dessinateur de BD est dénigré, il n'a aucun charisme... Le propos est certes redondant, le dessin campe toujours un peu les mêmes personnages (avec de grosses têtes), mais les chutes fonctionnent de manière particulièrement percutante. Evidemment, raconté platement comme dans le résumé ci-dessus, ça ne met guère les choses en valeur. Néanmoins, Fabcaro a vraiment le sens de la réplique qui tombe à point et de la tronche de looser qui tue. De quoi amuser les lecteurs rompus aux festivals et piquer ceux qui veulent tout savoir de la dure vie d’auteur de BD…