L'histoire :
Au cœur du désert mexicain, M. Espoir échoue « Au héros assoiffé », un saloon paumé et déserté. Là-bas, il dévore du poisson, s’enivre de mescal et tire sur tout ce qui bouge : le proprio de l’établissement, un ange dans un cimetière, des oiseaux de mauvaise augure ou des cactus innocents… Sans repère et un peu désespéré, M. Espoir est tout aussi capable de s’étonner ou de s’émerveiller face aux mystères de la nature : l’arbre dont les feuilles changent dans la nuit, l’homme qui vieillit et meurt. Plus tard, il tentera de tuer un serpent et creusera sa tombe avant d’appeler au secours. Un tarot cosmogonique lui révélera finalement l’enfer du décor, une réalité faite de solitude existentielle et de mort… Avec tout son courage, il couchera sur papier, une dernière fois, ce qu’il a dans le ventre.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lauréat du prix de la bande dessinée alternative au festival d'Angoulême 2005, Tommi Musturi est un auteur finlandais surtout connu en France pour sa série des M. Espoir, « une histoire sur la vie et la mort ». Dans ce troisième volet, l’auteur plante son anti-héros alcoolique et désespéré dans un décor de Western bourré de clichés et de références (le peintre Munch notamment), avec le saloon déserté, l’aridité du désert mexicain qui assoiffe et lénifie, ses cactus esseulés et ses serpents envoûtants. Au cours de ce désert-trip sous absinthe et whisky, M. Espoir est confronté à la mort, au désespoir, à l’ennui, à la solitude, ou est soumis à la fatalité du temps qui passe, dans un paysage de fin de monde porté par le flot de ses pensées philosophiques morbides. Bref on sue, on voit double, les repères sont brouillés et on se sent partir dans un au-delà vertigineux profondément hallucinogène. Fort de sa magnifique bichromie rouge sang/vert, d’un trait cartoonesque virtuose et maîtrisé, d’un humour noir ravageur et d’un format à l’italienne élégant, Le Rêve de M. Espoir happe le cerveau comme une tequila bien frappée, et ménage aussi de très beaux moments de mélancolie aux relents de mescal. Tommi Musturi propose ici une vision fantasmagorique moderne et personnelle, noire et crépusculaire, quelque part entre Schopenhauer et Sam Peckinpah. Une scène de désolation ouvrait l’opus, il se termine magistralement par une vision allégorique de la mort. Tommi Musturi est bien un auteur venu du froid, mais qui nous brûle les yeux avec ce fascinant western métaphysique sur la vanité de l’existence.