L'histoire :
Tout a commencé un lendemain de réveillon du 1er de l’an. Affalé sur son canap’ et limitant ses requêtes musculaires à l’utilisation de sa télécommande, Benjamin s’offre un joyeux documentaire télévisé sur les méfaits du tabac. Même s’il n’apprend franchement pas grand-chose de nouveau (Ah bon, la cigarette ça tue ?), le reportage fait quand même son petit effet. Aussi, le lendemain il se rend à la pharmacie pour s’acheter un paquet de gommes nicotiniques : 2mg, le dosage moyen. De retour au bercail, il se fait un peu peur en lisant la longue liste des recommandations contenues sur la notice de sa boite de 30. Un peu comme s’il prenait acte qu’il a décidé de s’envoyer un nouveau poison. Pas de quoi fouetter un chat non plus. Il se lance, s’envoie les deux milligrammes à mâcher… A lui le monde merveilleux des non-fumeurs. Un monde dans lequel il n’a pas mis les pieds depuis plus de 10 ans et dont il s’est extrait comme beaucoup : pour faire comme les autres au lycée en étant certain qu’il pourrait limiter sa conso et s’arrêter quand il le voudrait. En attendant, le premier contact avec ce substitut n’est pas terrible : c’est loin de ressembler à un habituel chewing-gum et ça a carrément le gout de carton recyclé. Mais au moins c’est le début du chemin...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Deux milligrammes de nicotine… c’est généralement le dosage moyen choisi par le néo non-fumeur pour remplacer ses bonnes vieilles tiges en papier par un chewing-gum au gout de carton. Et de fait, c’est justement le parcours d’un (ex) accro de la feuille à rouler ou des blondes en paquet de 20, en passe de décrocher, qui nous est gentiment proposé. Faux guide pratique (c’est l’esprit de la collection Pomelo dont l’album fait partie) du « comment arrêter de fumer ? », vrai journal du combattant effeuillé chronologiquement (avec de sympatoches flashbacks) maniant l’autodérision, l’exercice fait correctement le tour de la question. Substituts nicotiniques et dépendances, entourages, clivage fumeur/non-fumeur, rétrospective de l’addiction (et parenthèses sur les stratégies de com de l’industrie du tabac…), méthodes, pression de l’échec… Benjamin Adam fait sa démarche avec honnêteté et l’objectif affiché de nous permettre de nous en amuser. Il n’y parvient malheureusement jamais totalement. Sans doute parce qu’il s’agrippe un peu trop à ce descriptif, au risque d’enfoncer pas mal de portes ouvertes qui, au final, peinent à nous intéresser (pire encore si on n’en n’a jamais grillé une). Il aurait peut-être dû choisir l’angle digressif un peu plus souvent, pour que l’arrêt du tabac soit un prétexte à nous embarquer, plutôt que le moteur central du récit. Mais l’intention était autre : principalement, celle d’accompagner son sevrage d’une mise en ligne de sa démarche via un blog. On retrouvera d’ailleurs (une nouvelle fois) les limites du passage d’un medium à l’autre, au regard d’un dessin qui, au format papier, manque terriblement d’aération et de lisibilité.