L'histoire :
Paco doit se rendre à Astromburgo, ville dont on dit qu'elle posséderait les rues les plus larges du monde. Là-bas, il a déniché un travail dans une boulangerie. C'est l'histoire qu'il raconte à un vieux fou croisé dans le métro. La rencontre lui a d'ailleurs paru étrange : présage d'une histoire plus tordue à venir ou simple anecdote de voyage ? Paco y voit plutot un signal. De quoi, il ne sait guère. En attendant d'y voir plus clair, il attrape le bus qui doit ensuite l'emmener sur son futur lieu de travail. En chemin à travers la vitre, il aperçoit un cheval mort. La vision le laisse circonspect, avant de rejoindre enfin Astromburgo. Paco fait alors connaissance avec la boulangerie et le personnel. En attendant de rencontrer Ramirez, le patron, Paco va faire un petit tour pour se détendre. Mais attention, c'est l’époque des grandes vagues dans cette ville côtière, sans oublier la présence des « géants renversés »... Soudain, une déferlante balaye tout sur son passage, emportant avec elle nature, géants et Paco...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà un récit mystérieux, étrange et inquiétant, pondu par l'auteur argentin Federico Pazos. Ce dernier nous fait voyager dans un monde imaginaire, sans routes ni ponts, privé de liens tangibles avec la civilisation. Alors que tout semble couler de source pour Paco avant son arrivée dans la boulangerie, le voilà subitement propulsé ailleurs, dans un univers indéterminé peuplé de personnages aussi excentriques qu'inquiétants : un agaçant joueur de tambour, un vieux bûcheron et son stock immense de bois, une troupe un peu folle de braqueurs de couronnes... Animaux ou objets doués d'un comportement humain, personnages insolites, décor anonyme tantôt inquiétant tantôt dangereux, intrigue farfelue pleine de rebondissements, rythme enjoué, la matière de La cité des ponts obsolètes est riche. Oui mais voilà, l'auteur n'en fait hélas pas grand-chose et finit par tourner en rond. A l'image de Paco, personnage ballotté par les événements et jouet de forces qui le dépassent. Résultat : il s'égare, le lecteur avec. On comprend bien que l'ambiance décrite a tout à voir avec celles de Kafka ou Lewis Carrol, et que le voyage et ses péripéties importent plus que la destination finale. Mais le propos paraîtra sibyllin voire ennuyeux pour qui voudra creuser. Le rendu graphique est en revanche somptueux et la BD, de ce point de vue, est une réussite : lisible, net, le trait est mis en valeur par la mise en couleur jouant des ombres et lumières avec une belle maîtrise, dans un style désuet sépia ou ocre de toute beauté. Si le récit laisse sur sa faim, rares sont néanmoins ces BD à porter une ambiance graphique aussi lumineuse.