L'histoire :
Dans les bouchons de Montréal, à l’arrière du taxi de son père, Reda écoute la radio. Une bande annonce invite les auditeurs à suivre une émission d’humour. Son père ronchonne. Pour lui, toutes ses émissions pour faire rire empêchent de voir la réalité en face : on préfère tourner tout au ridicule, plutôt que de s’attaquer aux vrais problèmes. Reda n’est pas à l’aise avec ce discours. Il demande à son père de le déposer au coin de la rue, le nouveau pavillon de thanatologie est juste à côté. Une fois seul, Reda se dit que cela va être plus tough qu’il ne le pensait de lui annoncer qu’il fait l’école de l’humour.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’Ecole Nationale de l’Humour au Québec est une institution d’enseignement privé qui propose une formation professionnelle aux artistes qui désirent devenir humoristes ou auteurs. Jean Lacombe propose de suivre deux élèves engagés dans ce cursus et de donner ainsi un autre regard sur le milieu de l’humour. Reda est en première année et suit cette formation sans en avoir informé son père qui préférerait qu’il s’occupe de macchabés. Yvonne est quant à elle une étudiante prometteuse de seconde année. Un poil hypocondriaque, elle court les salles pour faire du stand-up, alimente continuellement ses réseaux sociaux et suit les enseignements de l’ENH. Tout le long du récit, on attend que les destins de ces deux humoristes se croisent... mais rien ne vient. Ce livre évoque les difficultés que ces étudiants doivent surmonter pour percer, entre le stress d’imaginer régulièrement des gags, ou le trac de se produire face à un public. Si certaines blagues destinées au public ou quelques situations prêtent à sourire, le fond du récit n’est pas très joyeux : derrière leur humour, Yvonne et Reda laissent transparaître quelques failles et doutes. Les européens qui ne sont pas familiers des expressions de leurs cousins de la Belle Province vont parfois peiner à saisir le sens de certains dialogues. Pour illustrer ce one-shot, Jean Lacombe a fait le choix du noir et blanc, avec un dessin vif, spontané et plutôt épuré. Le découpage est juste, aéré et il donne du rythme à la narration.