L'histoire :
Somerset Maugham a sans doute passé les heures les plus apaisées de son interminable vie dans cet endroit presque magique, la Villa Mauresque, au point d'en devenir « le fantôme des lieux ». Il lui semble même y être né. Après la mort de sa mère, ce garçon intrépide et risque-tout devint un homme timide affligé d'un affreux bégaiement. Deux ans plus tard, son père mourut. Direction l'Angleterre et l'enfer de la King's School de Canterbury. Son accent français, sa gaucherie et son... bégaiement lui valurent d'innombrables railleries. Il se réfugiait alors dans les études et la lecture d’œuvres littéraires. A douze ans, ses figures tutélaires se nommaient Walter Scott, Dickens, Charles Kingsley... Après le succès de certaines de ses pièces de théâtre, des voyages dans le Sud de la France, des rencontres marquantes dont celle amoureuse avec Gérald Haxton, il se retrouvera à la Villa Mauresque dans les années 30, où il accueillera de nombreux artistes et intellectuels, lieu mondain d'un paradis perdu, dernier refuge d'une vie passée à errer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Villa Mauresque n'est pas stricto sensu une BD au sens traditionnel, mais une biographie illustrée de l'écrivain anglais Somerset Maugham, reformulée par l'imagination de François Rivière, passionné de littérature anglaise tout comme son compère dessinateur Floc'h. Par le verbe choisi et l'élégance chic d'un dessin léger, l'auteur se glisse dans la peau de l'excentrique écrivain anglais pour rejouer une vie mondaine passée sur la Riviera, sous le soleil lumineux au bord d'une piscine à débordement. Somerset Maugham y mène une vie agitée, accueille du beau monde, une jet-set intellectuelle (Churchill, Cocteau, Fleming) et des proches qui, par le croisement des voix, témoignages et échos, brosse le portrait vivant et dissonant de son hôte, figure contradictoire et complexe. Ici, le texte prend largement le pas sur des dessins qui ont pour fonction, semble-t-il, de rythmer, d'illustrer et d'aérer les pages. Mais jamais d'interpréter, comme une simple redite des mots. A l'image d'une jolie couverture, le résultat empreint d'une douce nostalgie est léger, agréable, exsude l'ambiance d'une époque british et classieuse, mais disparue. Quant au fond, si l'on aime se plonger dans une ambiance rétro plaisante, où la Villa Mauresque fait office de refuge pour l'écrivain, on peine néanmoins à s'enthousiasmer pour ce récit littéraire à la première personne, certes documenté et bien écrit mais sans grand intérêt. Amusante intimité, mais anecdotique.