L'histoire :
Trentenaire active, Nina est journaliste et elle vit avec Max. Elle n’aime pas vraiment son corps, qu’elle trouve toujours trop comme ci et pas assez comme ça. Elle part régulièrement en quête de petites disgrâces corporelles qui deviennent très vite une obsession. Un jour, son chef la convoque dans son bureau pour lui confier un nouveau dossier. Elle doit écrire un article sur une jeune fille de 14 ans, Aliénor, décédée à la suite d’une opération du sexe : une nymphoplastie. C’est le troisième décès du genre. Nina est sous le choc. Elle ne connaissait même pas l'existence de ce mot et encore moins l’acte. Elle s’interroge : qu’est ce qui a pu pousser ces gamines à détester à ce point leur corps ? D’où leur vient une telle idée ? Elles étaient toutes mineures... comment en sont elles arrivées à cette fin tragique ? Nina doit faire ses preuves au journal. Alors, accompagnée d’une collègue, elle va enquêter, faire des rencontres qui vont la marquer et révéler le fléau des réseaux sociaux, entre autres, avec les diktats qu’on leur connaît. Ce sujet confié par sa direction va bouleverser à la fois ses états d’âmes, ses principes et surtout le regard sur son propre corps...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bien entendu, avec une couverture aussi subjective, on s’attendait à un sujet fort. A travers Nina, Anne Boudart s’inspire de sa propre histoire. Elle lève un tabou sur un sujet méconnu et peu exploité en bande dessinée. Le lecteur découvre ainsi ce qu’est la nymphoplastie en même temps que son personnage. L'autrice et illustratrice dénonce les diktats du corps qui rythment le quotidien et les exemples de (fausse) perfection balancés à tout-va dans les médias. Le manque d’estime et de confiance en soi peuvent conduire à des situations dramatiques. Elle pointe également du doigt la banalisation du sexe avec une pornographie en libre service accessible à un public déjà fragilisé par une société « d’apparence ». Ce récit très intime est rédigé comme un « bullet journal » avec des gribouillages, annotation en rouge et le langage cash réservé au dialogue et/ou journaux intimes. Ce sujet très intéressant et sérieux est ainsi abordé avec humour et dérision. Cependant, le côté « brouillon » de la mise en page rend la lecture parfois complexe et peu engageant. Cette BD féministe et engagée informe, dénonce et interroge.