L'histoire :
Aujourd’hui Mathilde a 32 ans. Un nez épaté, des pieds hideux, un ventre boudiné, un gros cul, une coiffure abominable, des lunettes immondes, des goûts vestimentaires discutables… Mathilde se sent moche et elle l’est. Elle habite encore chez son père, un quinquagénaire qui a récemment viré sa cuti pour vivre pleinement son homosexualité avec Bob, un garçon de l’age de Mathilde. Voir son père embrasser quotidiennement un jeune homme sur la bouche, cela a en plus de quoi perturber. Dans le milieu du boulot, lorsque son boss la convoque, c’est pour lui conseiller la chirurgie plastique, puis pour la virer sans autre forme de procès. Bref, Mathilde est mal dans sa peau, mal dans sa famille, mal dans son job… Elle voudrait mourir. Psychologiquement au fond du trou, elle décide de réagir. Premièrement, elle attaque en justice pour son licenciement. Deuxièmement, elle entame un régime draconien. Troisièmement, elle part à New-York se faire refaire tout le corps par un artiste de la chirurgie esthétique. Quatre mois plus tard, elle est une autre femme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà une curieuse histoire en noir et blanc, peu mise en valeur par un petit format souple. Sur une première moitié d’album, la scénariste Florence Molinet nous fait partager la vie cauchemardesque de Mathilde, jeune fille laide, profondément malheureuse, qui se déteste tellement qu’elle en a un caractère de chiotte. Puis la seconde partie nous fait découvrir la nouvelle vie qui s’offre à elle, après ses opérations et son régime. Elle est séduisante, elle s’éclate en boîte, sort avec des gens extravertis et elle doit avant tout cela à un solide soutien paternel. Cela pourrait se résumer en une maxime toute bête : après la pluie vient le beau temps. Graphiquement, le dessin en noir et blanc de Raphaël Vandendriessche peut sembler approximatif ou difficile au départ. On s’habitue pourtant très vite à cette ambiance un peu rude, mais maîtrisée. Quel message faut-il en retirer ? Plus t’es bien dans ta peau, plus t’es heureux(se) ? (fastoche…) Cette tranche de vie se déroule de manière très linéaire, sans vraiment d’intrigue, sans vraiment de morale, sans vraiment de conclusion…. Comme si les auteurs (qui sont sœurs, en dépit d’un patronyme différent) s’étaient surtout interdits de porter le moindre jugement sur cette histoire, voire même sur la société de l’apparence qu’elles mettent en scène. Car au travers de la détresse de Mathilde transparaît surtout notre propre jugement de l’autre. En ce sens, ce récit dérange et fait mouche…