L'histoire :
Parmi une demi-douzaine de frères et sœurs, Christian est l’aîné. Durant ses jeunes années, le seul dont il se souvient s’être réellement occupé s’appelle Denis. « Occuper » est un bien grand mot parce qu’il s’agissait plus simplement de jouer. Il se rappelle avoir créé une foultitude de jeux et autres plaisanteries afin de l’amuser (et « s’ » amuser par la même occasion !). A cette époque, bien que proche en âge, le rapport de force était encore en sa faveur et l’un de ses tours favoris était de se chamailler avec son frère. Celui-ci croyait posséder une arme surnaturelle, le chocolat, qui le rendait invincible. Après qu’il en ait mangé, Christian le laissait donc dans un premier temps prendre l’avantage, avant que, comme par magie, l’effet ne cesse devant la loi du plus fort qui reprenait ses droits. Sauf incident, le rituel pouvait se répéter jusqu’à dix fois dans une même journée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Enfants uniques s’abstenir ! Enfin, peut-être pas, mais cette histoire parlera avant tout à ceux et celles (et ils et elles sont nombreux/euses) qui vécurent une jeunesse tumultueuse égayée par les sempiternels jeux et chamailleries entre frères et sœurs (ou cousin(e)s). Le chocolat magique est un titre programmatique. D’abord, car quel enfant n’aime pas le chocolat ? Une gourmandise banale mais toujours appréciée et objet de toutes les convoitises. Ensuite parce que l’imagination infantile n’a pas de limites. A partir d’un rien, nous étions capables de créer un univers, de réinventer le monde. D’un arbre, nous faisions une cabane et de ses branches, nous les taillions afin de nous armer d’arcs et de flèches pour jouer aux cow-boys et aux indiens. Si le plus beau compliment que l’on puisse faire à un duo d’auteurs est de n’en voir plus qu’un (copyright Jean-Michel Constant), Barranger au scénario, Bast au dessin et Eric Dérian aux couleurs, réussissent l’alchimie. Un album « autobiographique » (?) écrit à la première personne, comme calligraphié à la main, qui offre un crayonné simple et appliqué, rehaussé de tons lumineux (on jurerait parfois aux crayons de couleurs !). La mémoire à cette faculté fabuleuse de ne retenir que les bons souvenirs (ou presque, martinet mis à part). Pas de nostalgie déplacée. A chaque époque, ses loisirs ludiques et les jeux vidéo aujourd’hui en font partie. Mais qu’il est bon de se rappeler et de garder son âme d’enfant. Une lecture à ne pas oublier.