L'histoire :
En 1930, le jeune écrivain Melvin Woodworth s’expatrie dans les Alpes valaisannes, à la recherche d’inspiration pour son nouveau roman. Mais sa quête est double : son frère ainé Dragan a vécu les dernières années de sa vie, en tant que pianiste au grand hôtel d’Ardolaz. Melvin tente justement de rejoindre le village, à pied, pour honorer un pari avec le postier. Chemin faisant, il croise la route de Baptistin, un vieil homme recherché par les gendarmes pour trafic de fausse monnaie. Melvin taie pourtant cette rencontre et s’adapte immédiatement aux coutumes, notamment en vidant quelques bouteilles de l’alcool local, le Fendant. Dans les jours qui suivent, il randonne beaucoup, s’imprègne de ces fabuleux paysages enneigés… et délaisse toute préoccupation éditoriale. Il ne s’inquiète pourtant guère de cela, ni de savoir le village sous la menace d’un glacier grondant régulièrement en amont. Une nuit, aux abords du grand hôtel déserté, il entend la mélodie fantôme d’un piano. Plus tard, lors d’une excursion à ski, il tombe par hasard sur une jeune fille se baignant nue dans un lac d’eau tiède. Il en tombe immédiatement amoureux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà une riche idée que d’inaugurer la renaissance de la collection Signé – nouveau format, plus élégant, à la mesure du prestige de la collection – par un si bel album ! A la recherche de Peter Pan est l’un des chefs-d’œuvre de Cosey (et pas le seul), initialement publié en 1985 sous la forme d’un diptyque, réunit ici en une seule intégrale. L’auteur complet ancre la quête initiatique de ce jeune anglais dans la ruralité valaisanne qu’il affectionne (visiblement) tout particulièrement. Les thématiques récurrentes à son œuvre sont autant de symboles parfaitement intégrés à la narration : la montagne, la neige, une idylle naissante, une amitié solide… Sans oublier l’aventure pantelante, par le biais d’un glacier menaçant et d’une cavale en haute montagne. Resitué dans le contexte, Cosey fait donc une infidélité, le temps d’un récit, aux vallées himalayennes (cadre de sa série Jonathan), pour les pentes de sa Suisse natale. A l’image de la couverture, les nombreux manteaux neigeux sont autant d’occasion de « mettre en scène » le blanc de la page. En sus de cette astuce graphique, le dessin de Cosey est sans doute ici à son paroxysme. Les courbes sont subtilement équilibrées, les cadrages sont impeccables, et les personnages évoluant dans ces paysages envoûtants insufflent beaucoup d’émotions, parfois sans avoir besoin de beaucoup de dialogues. La place du non-dit a toujours été riche dans l’œuvre de Cosey. Vous ne connaissiez pas encore cette formidable aventure humaine ? Petits veinards…