L'histoire :
Irène Keller est chargée par l’Agence de faire le ménage dans la grande maison des renseignements américains. Dwight Tyler est emprisonné dans la prison de haute sécurité de Washington. Perdant la notion du temps au fond de sa cellule, l’agent Alpha se contraint à garder la forme en faisant beaucoup de sport. Se sachant écouté et épié, Tyler parle à voix haute et mentionne tantôt la constitution des Etats Unis d’Amérique, tantôt des noms ou numéros de dossier. Un soir, après avoir charrié un gardien sur la nourriture de sa femme, ce dernier décide de lui donner une bonne leçon. Bien mal lui en a pris, Alpha est affûté et l’immobilise en deux prises. Le lendemain, croyant être auditionné pour l’altercation avec le gardien, il est surpris de voir entrer une jolie femme dans la salle d’interrogatoire et se demande si c’est une avocate commise d’office. Irène Keller se présente à Alpha et lui annonce qu’elle est en charge du « nettoyage » de l’agence et qu’il est le dernier « cadavre » dans le placard de Langley. Ses propos sont très clairs, Dwight Tyler n’existe plus et il n’a jamais existé. Voyant son avenir s’assombrir fortement, Alpha joue un dernier coup de poker. Il a caché une clé USB contenant une liste de noms qui, si elle est lâchée à la presse, fera l’effet d’une bombe. Keller n’a pas d’autre choix que de reprendre Alpha dans les rangs. La victoire de l’agent est de courte durée car il ne réintègre pas Langley mais le service consulaire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le nouveau duo d’auteurs de la série, depuis le précédent tome, Alain Queireix et Emmanuel Herzet lancent cette nouvelle saison en prenant un virage à 180°. Par un chantage rondement mené, l’agent Dwight Tyler est réintégré dans le service après avoir passé plusieurs semaines dans la geôle de haute sécurité de la capitale américaine. Sa victoire aura été de courte durée car Alpha est « muté » dans un autre service qui, de prime abord, ressemble plus à une promotion punitive. Les auteurs font un pari audacieux en s’éloignant quelque peu de la ligne directrice de la série créée en 1996. Pas sûr que l’ensemble des lecteurs de la première heure approuve et suive la nouvelle aventure proposée. Cependant, il faut souligner que la série a soufflé ses 24 bougies et qu’il était nécessaire de donner une nouvelle impulsion pour redonner du corps à la série. Au scénario, Herzet a réuni les principaux ingrédients pour que la série prenne un second souffle : un nouveau personnage féminin charismatique, l’agent Alpha égal à lui-même et une grosse dose d’action. Le récit se déroule sur une trame géopolitique plutôt simple. Sur ce point-là, les auteurs se sont aussi éloignés du cœur de la série afin, sans doute, de proposer une histoire complète par album. La question est de savoir si cette trame va être conservée pour la suite, ou si le récit va basculer sur une trame en diptyque. Au niveau du dessin, Alain Queireix nous régale de son trait réaliste. Ce nouvel opus est très beau, les personnages sont soignés, avec une mention spéciale pour la gente féminine. C’est une habitude pour Alain Queireix de dessiner des femmes fatales, dans les deux sens du terme. Ainsi, la saison 3 de la série Alpha commence sur les chapeaux de roues, avec le pari des auteurs de donner un second souffle à la série, en gardant l’ADN du personnage principal tout en simplifiant la géopolitique du récit. Evidemment, ce choix ne va pas satisfaire tout le monde... Mais il faut avouer que ce virage pris par ce 15ème opus est bien négocié.