L'histoire :
Debut des années 2000, Charlène Van Evera voit sa carrière au sein de l'armée brusquement accélérer lorsque deux avions viennent percuter les tours jumelles de Manhattan. Les obstacles hiérarchiques à son évolution vers un poste de juge avocat attachée aux tribunaux militaires sont levés lorsque toute l'énergie de l'armée américaine se tourne vers la réponse aux attentats du 11 septembre. Elle est envoyée à Bagdad pour enquêter sur des meurtres mystérieux, inexplicables même, dans cette période qui suit la chute de Saddam Hussein. Le premier d'entre eux est découvert par les soldats américains lors de l'entrée dans une maison au cœur de la ville. Un corps nu, partiellement démembré, recouvert d'insultes en langue anglaise. Très vite, sur place, elle se voit attachée les services de Jackson Baines par les services du gouverneur provisoire mis en place par les États-Unis. Charlène apprend très vite qu'il s'agit en fait d'un mercenaire qui vend ses services à l'armée US. Professionnels, moins encombrants en cas d'accident, ils sont plus de 100 000 dans la seule ville de Bagdad. Charlène va pouvoir compter sur le jeune soldat dont les valeurs semblent finalement proches des siennes. Ensemble, ils vont plonger dans une enquête sombre, au cœur d'un pays livré à tous les appétits de pouvoir et d'argent...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Étonnant sujet que Stephen Desberg choisit de couvrir dans ce one-shot sans concession au cœur de l'Irak en guerre. Le scénariste s'appuie sur un fond documentaire important pour creuser un élément peu connu du conflit, à savoir la présence massive de mercenaires sur le terrain. Il construit une intrigue classique avec un personnage d'enquêtrice au fort caractère, mais laisse clairement apparaître son envie de partager des informations plus politiques, et d'appuyer sur les raisons cachées de ce conflit. Les troupes américaines pourraient chercher longtemps les armes de destruction massive, en revanche les ressources potentielles en énergie du pays sont connues et palpables. La galerie de personnages sans scrupules qu'il nous présente est clairement à charge, alignée sans chercher la subtilité, en voulant frapper les esprits. Le fond de polar autour de meurtres horribles est mené dans le style traditionnel du scénariste, appuyé sur le dessin réaliste très détaillé de Thomas Legrain. Il manque pourtant une touche d'imprévu à cet album pour lui donner la patte d'un film marquant ou d'une leçon cynique sur l'absence de scrupules des grandes puissances. Des dialogues rapides, un climat difficile à installer font que malgré les efforts du dessinateur de Sisco pour rendre palpables les rues et les maisons de Bagdad, on n'y entre pas complètement. On se dit pourtant, en voyant l'image d'un pont qui relie les deux rives du Tigre, que la ville pourrait être simplement magnifique.
