L'histoire :
Au printemps 1940, la France de Pétain capitule face à l’alliance italo-germanique. Tandis que la Luftwaffe bombarde Londres, tandis qu’un certain De Gaulle lance un appel radiophonique depuis la même capitale anglaise, le capitaine Philippe de Hauteclocque est blessé à la tête. Malgré son farouche patriotisme, il ne peut que s’exiler en Angleterre pour mieux continuer le combat. De Gaulle confie alors à ce jeune officier, qui prend le pseudonyme de Leclerc, la direction des opérations diplomatiques et militaires en Afrique. Après avoir rallié le Cameroun, Leclerc rassemble également le Tchad à la « France libre ». De là, il établit un plan d’attaque pour ouvrir un nouveau front saharien. Il s’appuie pour cela sur le courage des aviateurs de la FAFL (Forces Aériennes Françaises Libres), mettant au point un plan complètement insensé : attaquer le fort de Koufra, en Lybie, alors sous contrôle italien, par le sud ! A partir du poste avancé le plus proche, cela représentait tout de même une distance de plus de 2000 km en plein désert, à partir de cartes inexistantes. En moins de 2 mois, plus de 150000 litres de carburants sont ainsi acheminés à dos de chameau…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans notre mémoire collective, la légende du général Leclerc s’est essentiellement cristallisée autour de la libération de Paris. Mais Philippe de Hauteclocque (de son vrai nom), fin stratège et patriote, a surtout gagné son statut de héros en Afrique. La biographie présente débute au moment de la capitulation française, pour aligner sur 70 planches extrêmement denses, des illustrations de photos d’époque, des faits de guerres véridiques, ici retranscris de manière fastidieuse et répétitive. Un vrai travail de scénarisation aurait assurément été nécessaire pour pouvoir recommander l’ouvrage à une cible plus large, qu’au traditionnel public passionné de guerre. Malgré des différences de styles et de finitions, le gros boulot de dessin de Bertrand Guillou ne paye donc guère. Les illustrations s’alternent sans véritable construction narrative, sur un rythme plat. En outre, si à cette époque, le destin du général est indissociable de celui de la France, on perd tout de même le cœur du propos. En effet, au fil des pages, on finit plus par suivre une histoire de la seconde guerre mondiale, qu’une biographie ciblée sur Leclerc. Comme pour rattraper son sujet, l’auteur fait de temps en temps figurer le profil de Leclerc (toujours le même !) sur des illustrations de fond redondantes. Notamment celles représentant des mécanos réparant des moteurs d’avion… En effet, Bertrand Guillou met en parallèle l’aventure de son aïeul, Jean Guillou, mécanicien d’avions et fidèle au général, au point de mourir à ses côtés lors du crash de son appareil dans le désert algérien en novembre 47. L’hommage est logique et honorable, mais ajouté à la non-concordance des temps des voix-off (99% des textes), le lecteur sort totalement anéanti de cette lecture didactique…