L'histoire :
Alors qu’il essaye sa nouvelle Jaguar complètement rénovée, Bob Morane s’arrête à une station de lavage automatique. Surprise, à la sortie, un étrange phénomène se produit et l’éblouit quelques instants. Lorsqu’il ouvre les yeux, le paysage a radicalement changé : la campagne familière arbore désormais les couleurs de l’Orient chinois. Non loin de là, un village est en flamme, visiblement attaqué par le même avion qui tire à présent sur le commandant. Sa voiture réduite en cendre, Bob Morane poursuit à pied, observant médusé les uniformes des années 30 portés par les militaires bridés. Il parvient à entrer en ville pour alors découvrir l’horreur : les Japonais massacre la population allant jusqu’à enterrer leurs victimes vivantes… De son côté, Sophia Paramount navigue sur son hors-bord quand elle se retrouve nez à nez avec toute la flotte américaine du Pacifique. La flotte mouillant à Pearl Harbor…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dès la première phrase, le ton est donné : « Ce jour-là, Bob Morane essayait sa troisième Jaguar complètement rénovée… ». Ce « nouvel » (qualificatif très relatif) opus des aventures du célèbre commandant ne déroge point à la règle : elle demeure hors du temps. Envers et contre tout, alors que même James Bond au cinéma se modernise, cette série conserve un côté kitch, classique, en un mot : daté. Côté dessin, l’Espagnol Coria reste fidèle à lui-même : son trait dynamique et propre s’apparente toujours autant à celui de William Vance, son beau-frère, dont il fut en temps le second. Mais, premier regret, la mise en couleur paraît bien classique et dépassée. Soignée mais décidément trop sage et rétro. Surtout, le scénario déçoit. Cette révision de la guerre du Pacifique ne convainc pas. La lecture achevée, on garde le sentiment d’un manque cruel d’inventivité. On n’y croit pas. L’action est téléphonée et les personnages plus spectateurs que héros : que vient faire Bob Morane dans cette galère si c’est pour ne point empêcher Pearl Harbor et, encore une fois, sauver le monde ? Comme si cette difficile mise en place sur des théâtres d’opérations éclatés n’était qu’un alibi en vue de réaliser un énième album (43e qui viendra conclure ce diptyque). L’imagination de H.Vernes connaît donc des limites. Dommage. Pour son bébé si « punchy », sans doute un « relooking » serait-il le bienvenu ? Garder les fondamentaux (dernier recours, homme providentiel, personnalité, etc…) qui firent son charme et néanmoins retrouver un second souffle. Oser évoluer et prendre ainsi du relief. Après tout, le titre du groupe Indochine ne clame-t-il pas son invincibilité ? « Bob Morane contre tout chacal »… Pas grand-chose à craindre et beaucoup à gagner.
