L'histoire :
A proximité d’Ephèse en Turquie, l’équipe archéologique d’Ornella Grazzi met à jour une excavation menant à une demeure enfouie. Vu le portrait ornant l’entrée, elle est persuadée que cette découverte concerne l’un des hommes les plus puissants et les plus riches de Rome : Lucius Aurelius Cassio. Les études prêtent à ce redoutable avocat, doublé d’un médecin, le pouvoir de pénétrer à l’intérieur du corps humain par la force de son esprit. C’est ainsi qu’après avoir mystérieusement guéri l’empereur Antonin d’une tentative d’empoisonnement, son influence se fit grandissante à Rome. Pourtant, en 145 après JC, une troupe d’assassins devait pénétrer dans sa somptueuse villa romaine, pour le tuer 4 coups de couteaux. Pourtant, selon les recherches, les dates des écrits ne coïncident pas : Cassio aurait survécu à ce meurtre, pour accomplir ensuite sa vengeance. En effet, quelques années avant les faits, en 140 après JC, Cassio fait parti d’une bande de jeunes notables, menant une vie de dévergondés, aveuglés par l’insouciance de l’âge. Parmi eux se trouve également le fourbe Livion, fils de sénateur, qui jalouse secrètement les talents de son ami, ainsi que son succès auprès de la gente féminine…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A peine achevés les 4 tomes du Dernier livre de la jungle, Stephen Desberg et Henri Reculé reprennent leur collaboration autour de ce nouveau thriller antique. Fasciné par cette société déjà très évoluée, le scénariste plante la trame de son récit sous une période d’apogée de l’empire romain (145 après JC, à la veille des premières invasions barbares). Mais le mécanisme de cette conjuration aurait tout aussi bien fonctionné à une autre époque. Après tout, les passions exacerbées de ces jeunes nantis au sein de leur communauté ne sont pas très éloignées des excès de nos contemporains. Desberg alterne dès lors l’enquête au présent, menée par une belle archéologue, 2000 ans après les faits, et les flasbacks permettant de l’illustrer. Par le biais de ces mésaventures, le héros issu de deux cultures (égyptienne et romaine), sera peu à peu amené à extérioriser et révéler les limites de cette civilisation sur le point de péricliter. De son côté, le dessin de Reculé fait toujours montre d’une belle aisance graphique, moins convaincante concernant les décors que sur les costumes et les personnages. En effet, hormis une poignée de belles cases panoramiques et comparatives (le faste d’antan et la ruine d’aujourd’hui), Reculé cadre de près, au détriment des arrière-plans. Dommage également que la colorisation de ses encrages ne bénéficie (toujours) pas d’une palette plus large de nuances… Evidemment, en comparaison avec l’excellentissime Murena, qui s’intéresse au même type de manigances politico-romanesques, à peu près à la même époque, ce Cassio là fait pâle figure… Néanmoins, ce premier volet promet de révéler progressivement une enquête piquante, doublée d’une passionnante étude de société...
