L'histoire :
Cerise sort de l'école (le CM1) tandis qu'un petit orage éclate. Le long du trottoir qui la mène chez elle, elle s'abrite la tête de son cahier et repère le manège cruel d'un camarade de classe devant elle : ce salopiot écrase volontairement un escargot. Cerise s'insurge aussitôt et moleste l'assassin. La mère du tueur d'escargot s'interpose, prend la défense de son fils, puis exige des excuses. La larme à l'œil, Cerise s'exécute. Puis tandis qu'ils s'éloignent, la fillette entend une petite voie amorphe qui la console : c'est l'escargot qui lui cause et accepte son funeste destin ! Puis il meurt. Cerise n'en revient pas... Aurait-elle acquis la faculté de parler aux animaux ? Cette intuition se confirme lorsqu'elle croise un chat dragueur, deux mouches qui se tirent la bourre, une araignée bougonne et un chien qui protège le parcours de son maître. En rentrant chez elle, Cerise teste aussitôt son pouvoir avec ses deux chats. A la découverte de ce nouveau canal de communication, le plus capricieux des deux lui fait aussitôt valoir toute une liste de revendications...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les crayons caricaturaux rondouillets et colorés de Laurel, blogueuse réputée et auteur du Journal de Carmilla, proposent aujourd'hui aux jeunes lecteurs les aventures domestiques d'une nouvelle héroïne, Cerise. Précisons en premier lieu que Cerise est le vrai prénom de la vraie fille de l'auteure... Il n'est donc pas interdit de penser que les saynètes ici recueillies trouvent une inspiration (du moins) partiellement autobiographique. A une exception près : dès la première historiette, cette blondinette innocente et attachante se découvre un super-pouvoir, à la portée des plus jeunes : soudain, elle se met à comprendre et à parler aux animaux ! Certes, me direz-vous, Cerise n'est pas la première dotée de cette capacité dans le 9ème art : Yakari le petit indien (également au Lombard) dispose lui aussi de ce don unique. Toutefois, bien loin d'un milieu sauvage et naturel, Laurel confronte ce pouvoir de communication aux affres de notre société contemporaine et plutôt urbaine, suivant un axe sans prétention. Faut-il manger de la viande, tuer les moustiques, pourrir la vie du chat... ? Par ce biais, l'auteur insuffle surtout une bouffée de modernité au classique recueil de gags domestiques entre enfants et animaux (pour qui le maître-étalon est Boule et Bill). Elle réussit le tour de force de se débarrasser de la mièvrerie inhérente au registre, sans pour autant se départir de la tendresse obligatoire. En premier, il y a la situation familiale de la mère de Cerise, visiblement divorcée (ou veuve) et de nouveau en couple. Il y a aussi cette incorrigible propension qu'elle a de faire de mauvaises blagues à sa fille, à la limite du politiquement correct, comme une « adulescente » moyennement mature. Tout cela participe d'une série pleine de fraîcheur, quand bien même la pertinence des gags souffre d'une légère inconstance. Les gags en une planche ont en effet tendance à ramer côté inspiration et à manquer de percussion dans leur chute. Parole de vipère. En s'affranchissant du ressort humoristique « mécanique », les histoires plus longues (jusqu'à 12 pages, pour la virée en campagne) se montrent en revanche plus accrocheuses. Enfin, la dernière historiette offre une perspective nouvelle bienvenue, en guise de cliffhanger pour le second tome...