L'histoire :
Alors qu’elles faisaient route vers la ville Sainte Hierus Halem, les armées chrétiennes de Grégoire d’Arcos ont été balayées par le Simoun D’ja, un vent d’origine maléfique, qui arrache la peau. Au lendemain de la défaite, c’est Robert, duc de Tarente, qui est alors choisi par le prélat de Venise pour poursuivre la quête à la tête des troupes occidentales. En désaccord avec ces choix, Gauthier de Flandres préfère l’exil, allant chercher un soutien du côté des juifs de Samarande. Il est alors accompagné d’un fidèle compagnon d’armes, Nakash, envoyé par Syria d’Arcos, sa mystique belle-sœur. Assoiffé et épuisé par leur route dans le désert, Gauthier et Nakash trouvent enfin une oasis, hélas infestée par une gigantesque roue de métal rouillé. Gauthier sait que cela signifie que le « Seigneur des machines » et sa terrifiante armée sont passés par là. Il signe alors un pacte avec un vieillard soudainement apparu : ce dernier purifie l’eau en échange de quoi Gauthier devra lui remettre le mystérieux miroir de Syria, le reflet des âmes, dans lequel les hommes ne voient que le visage du malin. Plus tard, les deux hommes pénètrent dans le sanctuaire de Samarande en ruine. Ils y découvrent le squelette d’un titan antédiluvien, le Mammunth Goul et font connaissance avec le juif Ottar Benk, dont le serment est d’astreindre le démon AA dans un territoire ceint et protégé par une lourde porte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ultra-prolifique parmi les prolifiques, le scénariste Jean Dufaux montre depuis des années la double capacité, d’une à ne pas œuvrer là où on l’attend et de deux, à creuser le sillon de l’ésotérique le plus abstrus. Encore plus marquée par ces attributs dans ce second tome que pour la mise en bouche, cette Croisade résume fort bien les qualités de l’auteur, qui sont également ses principaux défauts. Pour parler clairement, totalement conditionnée par l’occultisme, la signification des évènements qui surviennent dans ce tome 2 est relativement inextricable, et souvent ardue à suivre. Vous vous attendiez à des chevaliers croisés, des batailles homériques contre des sarrasins, des épées qui s’entrechoquent et des têtes qui roulent ? Vous aurez bien tout cela, mais vous aurez aussi en prime le droit d’évoluer dans une époque historique parallèle, peuplée de djinns, de créatures démoniaques et purulentes, mi-organiques mi-métal, un monde ou Jésus s’appelle X3, et Jérusalem Hierus Halem, souvent plus proche du Seigneur des anneaux que de Richard cœur de lion. Ne cherchez pas à comprendre, ou à vous rattacher à une quelconque réalité historique, c’est ainsi : les circonstances sont avant tout symboliques. Néanmoins, la grandiloquence des situations et des dialogues (ciselés) s’accordent parfaitement aux encrages spectaculaires réalistes de Philippe Xavier, en sus magnifiés par les couleurs chaudes (à l’ancienne, au pinceau, siouplait !) de Jean-Jacques Chagnaud. On retrouve le même sentiment de puissance, de « gothique flamboyant » qui émanait déjà de Paradis perdu. D’ailleurs, pour mettre en exergue toute l’élégance de ce design, l’éditeur nous gratifie une nouvelle fois d’un nouveau quadriptyque, dépliant entre les pages 34 et 39, les trois cases les plus panoramiques de la BD ! Rien que pour pouvoir évoluer au milieu des dunes, parmi cette armée titanesque, on est prêt à s’engager !