L'histoire :
Au crépuscule du XIIe siècle, trois seigneurs chrétiens s’allient pour reprendre Hiérus Halem tombée aux mains des sarrasins. Au cœur de la ville sainte se trouve en effet le Saint-Sépulcre et la dépouille du vénéré X3. Le noble et expérimenté Grégoire d’Arcos est entouré de son gendre, le prudent Gaulthier de Flandres, et du fougueux et ambitieux Robert duc de Tarente. Un soir, ces trois seigneurs tiennent un conseil de guerre sous leur tente, à proximité du campement de leurs 15 000 hommes. Ils pèsent alors le pour et le contre de leur attaque. D’une part, c’est la saison des Simoun Dja, des vents chauds venus du désert, qui peuvent les surprendre et ravager leur armée. D’autre part, le prince Ab’Dul Razim adoré et respecté est bien installé dans la ville et il a galvanisé ses troupes d’infidèles. Ils ignorent qu’en outre, Ab’Dul Razim peut compter sur des appuis occultes très puissants. Pourtant, contre l’avis de Gaulthier, le duc de Tarente parvient à persuader Grégoire d’attaquer. Gaulthier préfère alors ne pas participer à cette charge bien qu’il ait alors l’impression de passer pour un lâche. Le lendemain, le désert est le théâtre du choc entre les deux armées. La bataille est violente, sanglante… et désastreuse pour les troupes chrétiennes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme son nom l’indique clairement, cette nouvelle série prévue en 3 tomes (chiffre symbolique !) vise à rendre toute la dimension et la fougue guerrière des croisades du moyen-âge. Pour cela Jean Dufaux s’empare de la plus emblématique de toutes, la troisième, qui vit les troupes de Saladin tenir tête à l’alliance de Philippe-Auguste et de Richard Cœur de Lion. Or, ceux qui connaissent Dufaux connaissent aussi son penchant pour les sentiers détournés… Ils ne seront donc pas surpris que le prolifique scénariste réinvente cette croisade et les noms des protagonistes. Saladin s’appelle ici Ab’Dul Razim et le christ se trouve affublé de la saugrenue dénomination de X3 (il parait qu’il faut prononcer x fois 3). Ce parti pris, certainement dicté par une forme de respect des dogmes en présence, est d‘autant plus biscornu que la trame de ce premier opus semble historiquement crédible. Bref, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué… Dans cette optique narative, on baigne donc une énième fois dans l’ésotérisme oriental cher à Dufaux (Niklos Koda, Djinn…). Sous les crayons et les pinceaux de Philippe Xavier, cette trilogie se présente néanmoins sous les meilleurs auspices. Le dessinateur livre des encrages d’une grande élégance, des plans parachevés à l’extrême, enluminées par les couleurs chatoyantes de Jean-Jacques Chagnaud. La décoration des palais, l’immensité du désert, la ferveur des batailles… les deux artistes n’ont pas ménagé leur peine ! Au climax de la confrontation entres armées occidentale et orientale, les auteurs et l’éditeur nous gratifient en outre d’une quadruple page centrale, dépliable, magnifique. Le procédé n’est pas supra-révolutionnaire en soi, mais avouons qu’il est rarement proposé dans une édition grand-public. Les cases s’imposent alors en un format monstrueusement panoramique, permettant de mettre en exergue une bataille épique hyper détaillée. Imposant !