L'histoire :
Depuis le moyen âge, la cuisine a beaucoup évolué et la parution du Cuisinier François d'un dénommé La Varenne en 1651 va couronner ce changement vers un raffinement nouveau. C'est l'époque de l'ouverture du café Le Procope, où un garçon de café italien attirera le tout Paris littéraire autour de sorbets aux goût multiples. Les grandes capitales européennes échangent leurs influences. Le temps où la cuisine française utilisait des quantités de mie de pain pour épaissir les sauces est terminé. La liaison de farine est le bouleversement symbolique d'un progrès technique qui permettra aux cuisiniers de la cour de ne plus enrichir à l'excès leurs plats de goûts marquants, sucrés ou vinaigrés. Et déjà, il faut démontrer sa capacité à servir aux convives des légumes hors saison, les asperges ou les très recherchés petits-pois. Aux tables des grands bourgeois de l'époque, comme dans les cuisines du roi, il faut assurer sans faux pas le faste très organisé des somptueux banquets de la cour. François Vatel est un des grands noms de l'époque, qui eut l'occasion a plusieurs reprises d'organiser des repas pour Louis XIV et des dizaines d'invités. Sur ses épaules, comme sur celles des maîtres les plus réputés, la pression est colossale.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce deuxième volume des Cuisines de l'Histoire est construit sur le même principe d'une série de petites histoires qui mettent en avant une recette, l'organisation d'un repas, ou le travail d'un cuisinier. Très ancré dans le siècle de la cour de Louis XIV, il met en scène des personnages clés de l'époque, jusqu'au bourgeois gentilhomme honteux de n'avoir pas encore compris les dernières tendances de la cuisine de la cour. Chacune des recettes détaillées est très instructive, et donne carrément des envies de se mettre aux fourneaux pour une omelette aux asperges vertes. Les goûts semblent plus proches de nous que ne l'étaient ceux du tome précédent (A la table des chevaliers), et les auteurs réussissent à réellement faire tourner leur récit autour de ces plats. La scénariste Rutile parvient à maintenir la curiosité du lecteur en limitant les longs propos didactiques et en donnant toute leur valeur aux explications de texte entre chaque histoire. Gaëlle Hersent insuffle de l'énergie aux protagonistes qui entourent les cuisiniers et les maîtres d'hôtel, et propose quelques très jolies pages autour de la table du roi. Il y a donc un vrai savoir-faire derrière ce livre de commande, dont la lecture rend encore plus curieux.