L'histoire :
Ce jour là, David est dans le cabinet de son copain médecin, qui lui annonce une terrible nouvelle : il a un cancer du larynx. Plus précisément, c’est une tumeur de type T3 N2b M0 (tumeur de stade 3, étendue à plus d’un nœud lymphatique, sans métastase), du genre dont on peut guérir. Le programme est écrit par avance : chimiothérapie puis radiothérapie, puis… on avisera. Mais David n’écoute déjà plus, le choc de la nouvelle l’a plongé dans un état second. D’un premier lit, David a une grande fille de 35 ans, Myriam, puis une petite fille de 9 ans, Tamar, qu’il a eu avec Paula, une femme beaucoup plus jeune que lui. Mais parler de sa maladie aux 3 femmes de sa vie est surhumain pour lui. Surtout que Myriam vient d’avoir un bébé, baptisée Louise. Il faut 2 mois à Myriam pour remarquer que son père a l’air fatigué. Il lui avoue alors, enfin, que c’est l’effet de la chimiothérapie. Myriam en a les bras qui tremblent. Tamar espionne depuis le couloir, tout aussi terrorisée. Désormais, toute la petite famille va devoir vivre avec cette épée de Damoclès au dessus de la tête. Toutes trois sont terrorisées et le plus dur, c’est que David refuse d’en parler…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers cet épais pavé, Judith Vanistendael livre un témoignage fictif bouleversant : c’est l’histoire de la lutte d’un père de famille contre le cancer, et les bouleversements psychologique que cela induit chez ses deux filles et sa compagne. OUéééé, la super pêche, vous aviez justement super envie d’une histoire aussi cool ! Trêve de persiflage, pour ceux que ça intéresse de vivre l’horreur de la mort d’un proche par procuration – histoire de s’entrainer pour quand ça arrivera vraiment – ce roman graphique en couleurs est véritablement émouvant. L’art séquentiel moderne utilisé pour cette BD est d’une belle maturité, sans doute d’ailleurs l’un des meilleurs vecteurs pour cerner un tel sujet, à travers un maximum de ses compartiments. Séquences oniriques, silences, non-dits, réactions étranges, teintes marquées à l’aquarelle marquant fortement les ambiances… A chaque fois l’émotion point avec une grande justesse. L’auteur découpe le récit en autant de chapitres que de prismes parallèles vécus par les protagonistes. Et elle ne nous épargne rien : la représentation de la mort plane en permanence (des squelettes danse, une aïeule apporte son grain de sel…), les soins subis par David sont explicites et atroces, et la question de l’euthanasie se pose évidemment. Toutefois, au-delà de l’aspect technique ou médical de la chose, c’est le sentiment d’impuissance et de révolte différemment exprimées selon les tempéraments, que titille Vanistendael. Révisez un peu, en attendant votre tour…