L'histoire :
Al-Buhajra, Égypte, 1937. Au cours de fouilles, Michael Dorffman, archéologue allemand, et son équipe découvrent une cinquantaine d’amphores contenant de précieux manuscrits. Ils ramènent leur trésor en Allemagne. De retour à Berlin, Dorffman apprend que le gouvernement lui a fermé le robinet des subventions pour ses recherches. Heureusement, en sortant de son rendez-vous, Dorffman croise Karl, un de ses amis, qui lui propose la mise à disposition de deux laboratoires pour examiner les manuscrits. La radio annonce qu’Hitler vient d’annexer l’Autriche, c’est l’Anschluss. Nous sommes en 1938… Au même moment, en Égypte, un groupe d’individus étranges et armés vient récupérer les manuscrits. Ils arrivent trop tard : tout est parti pour Berlin. Le Pirée, Grèce, 354 Avant J.-C. Un groupe de philosophes, Diogène de Sinope, Aristocratès dit Platon, Aristote de Stagire et Xénophon d’Enrichista, dissertent sur le déterminisme. Ils ont créé un outil permettant de prévoir le futur tel qu’il se réalisera…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le remarqué Réalités Obliques, Clarke explore une nouvelle fois, l’âme humaine. Comme ses précédents Nocturnes et Luna Almaden, Dilemma se situe à des lustres de sa série à succès Mélusine, comme un besoin d’équilibrer son œuvre. Clarke développe une fiction à l’idée du déterminisme, comme si les événements qui déroulent n’obéissaient qu’à un principe de causalité. Comme si tout était écrit à l’avance, selon le principe de la « psychohistoire » d'Asimov (lire Fondation). Comme un pied de nez à cette notion philosophique, Clarke propose d’ailleurs deux fins possibles, où Michael Dorffman doit faire un choix, un choix cornélien, qui aura des répercussions sur le sens de l’histoire. Avec une narration parfaitement exécutée, il parvient à ses fins en nous offrant un récit plein de rebondissements, dont les aller-retours entre la période de l'Antiquité Grecque et celle de l’Allemagne Nazie ne freinent en aucun cas la fluidité de l’histoire. C’est palpitant de bout en bout même si l’ensemble aurait mérité une pagination plus conséquente pour explorer davantage la psychologie de chaque personnage. Côté dessin, Clarke s’éloigne du noir et blanc ultra-graphique de son précédent album pour un trait plus classique, qui colle bien à l’histoire. Son sens du découpage donne du dynamisme à l’ensemble, alternant entre courses-poursuites modernes et débats philosophiques antiques. Un bon conseil : ne vous arrêtez surtout pas à une première lecture qui pourrait s’avérer déconcertante. La deuxième est encore meilleure…