L'histoire :
Première journée pour Lili Lafayette, femme flic jeune et intègre dans la jungle urbaine américaine, au commissariat de Downtown. Il pleut et les perspectives de bonheur dans cette nouvelle affectation brillent par leur absence. Lili a beau avoir été prévenue du caractère de chiotte du capitaine Tebbey, l’accueil que ce dernier lui réserve est particulièrement agressif : après quelques politesses, il valse dans son mobilier et elle se prend un coup de matraque dans les reins. Bienvenue au district 77, Lili ! Pour sa première patrouille, elle remplace un flic tué la semaine précédente aux côtés de son ancien partenaire, l’une des pires ordures du commissariat : Burt Bachanan. Ce dernier chope rapidement le junkie officiellement responsable de la mort de son collègue, et le flingue à bout portant, sous les yeux de Lili… pour qu’il se taise ! Médusée, cette dernière prend la mesure d’une immonde magouille et elle arrête Bachanan sur le champs. Evidement, il y a de meilleures façons de débuter dans une nouvelle affectation. Le capitaine Tebbey, tout aussi ripou que son agent, relâche aussitôt Bachanan. Le lendemain, Lili est sur le trottoir et pose des contredanses sur les pare-brises…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jean-Philippe Dugand, notamment scénariste du film Atomik Circus, a déjà un certain bagage au sein de la BD « indé » (L’éléphant, Ferraille, Soler, chez les Requins marteaux). Ici, dans un registre bien différent, il livre un premier épisode impeccablement scénarisé, doué d’une efficacité maximum ! Pas un dialogue de trop, pas une seconde de répit dans ce polar réaliste contemporain. On est littéralement absorbé par le destin de cette héroïne crédible, dans une ambiance malsaine particulièrement bien rendue. Attachante, Lili est éloignée des clichés habituels. Désabusée, elle trimbale avec elle son passé peu enviable : son père a été descendu sommairement par un shérif, dans des conditions qui restent encore à être découvertes. Elle est un peu perdue dans la vie et ne trouve la sérénité qu’à travers son job, flic de base, qu’elle exécute avec probité. En outre, le mystère qui plane autour de la difformité faciale du patron de la pègre (un siamois miniature à la place du nez !) confère à la série un zest de paranormal, juste ce qu’il faut pour dérouter le lecteur. Au dessin, le dessinateur Denys (Comptine d’Halloween, Dans la nuit) magnifie cet univers sordide, ce pessimisme intégral. Denys excelle dans la retranscription graphique de cette « glauquitude » : toujours fidèle à ses encrages ultra-réalistes propres et détaillés, il livre des plans enfermés, des lumières sombres, des météos exécrables, des profondeurs de champs étriquées… Une excellente surprise graphique et narrative, véritablement haletante, promise à un bel avenir…
