L'histoire :
New-York, de nos jours. La « grosse pomme », comme on l’appelle souvent, suscite tant de rêves et d’espoirs pour nombre d’émigrants, que la psyché collective a créé une sorte de tempête onirique très particulière : sous son influence, rêves et cauchemars des gens se matérialisent ! D’ordinaire éphémères, les ectoplasmes émanant de ces manifestations, également appelées « abominations », peuvent parfois persister pour le meilleur… et pour le pire. Pour les éviter en amont et les renvoyer au néant une fois apparues, le gouvernement a créé le groupe secret Ellis. Ce département occulte chargé de l’extermination des abominations a ses locaux sur Ellis Island, à côté de la statue de la liberté. Aujourd’hui, elle vient de faire une nouvelle recrue en la personne de Deep O’Neil, le fils de Nine, l’un des meilleurs éléments du groupe, aujourd’hui décédé. Ce que Deep ignore au départ, c’est qu’il est lui-même une abomination, issu du rêve de son père ! Son talent particulier lui permet de voir les abominations, invisibles à l’œil des mortels. Et sa motivation première : neutraliser l’assassin de son père, Romeo, abomination issue du pire cauchemar du baron de la pègre locale…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dès la première planche, on est propulsé dans un monde fantastique inédit particulièrement entortillé. Après avoir lu un bon tiers de l’album, on comprend enfin de quoi il retourne : à New-York, les rêves se matérialisent sous forme d’ectoplasmes et ça ne peut plus durer comme ça. Dès lors, on assiste à un remake en BD du film Ghosbuster, à cela près que le héros est lui-même une émanation rêvée qui s’ignore. Houlà, dites-vous. Et vous avez raison. Car le scénariste Sébastien Latour noie cette intrigue déjà bien tarabiscotée dans des évènements peu limpides. Humains et abominations évoluant dans le même environnement, on ne sait jamais si on a affaire à un rêve, à un flashback ou à la réalité. Composé de recrues douées de pouvoirs paranormaux, le groupe Ellis lui-même rappelle vaguement les X-men… Bref, le scénario semble prétexte à une succession d’effets spéciaux et de séquences d’action. Au dessin, Griffo a beau livrer un travail de belle facture sur 54 planches, on se perd et on se lasse de ces conjectures embrouillées et bancales. Il y avait sans doute mieux à faire autour de l’histoire et du rôle d’Ellis Island. Jouxtant celle de la statue de la liberté, l’ile new-yorkaise fut en effet dédiée à l’accueil des nouveaux émigrants sur le Nouveau monde à la fin du XIXe siècle, puis servit de prison lors des conflits au début XXe. Un passé lourd de sens qui aurait mérité des échos plus explicites dans ce synopsis embrouillé. Dans la même collection Portail (dédiée à l’« urban fantasy ») et sous la plume du même scénariste, on préfèrera largement Wisher !