L'histoire :
Woody Woodstock est un marin au corps de bois, bâti comme une armoire à glace et têtu comme une bûche. Sans cesse questionné sur l’origine de cet étrange masque facial qu’il porte, Woody invente des excuses plus bidons les unes que les autres et chacun de ces mensonges provoque un allongement suspect de son nez. Un soir, profitant d’une escale dans un port, il tombe sur un curieux personnage, Lord Chester Darling, qui met en fuite des lapins fantomatiques. Ce dernier le persuade de le suivre jusqu’au « club des milliardaires aveugles », où on lui propose un curieux marché : devenir un chasseur de cryptozoïdes – c’est à dire des créatures que le commun des mortels croit légendaires – contre la suppression des maléfices qui pèsent sur lui. Encouragé par sa bonne conscience Gédéon, un criquet qu’il héberge sous son bonnet de marin, Woody accepte. En compagnie de Lord Darling, il se rend donc pour sa première mission au château de Frankenstein, menacé par une forêt lugubre qui a acquis de diaboliques facultés motrices…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On retrouve dans cette nouvelle série les thématiques chères à Philippe Foerster (La soupe aux cadavres, Hantons sous la pluie…). Avec une fascination intacte pour les histoires fantastiques épouvantables, l’auteur rend un nouvel hommage à Lovecraft et Edgar Poe (Lord Darling ne s’exprime d’ailleurs presque que par citations tirées de l’œuvre de ce dernier). Gueule de bois s’appuie tout d’abord sur une parodie cynique de Pinocchio – auto re-baptisé ainsi pour tracer un trait sur son passé douloureux – et part ensuite en vrille avec humour, à l’assaut des autres mythes fantastique de la littérature d’épouvante. Foerster s’amuse comme un petit fou à tourner en dérision le monstre de Frankenstein, Peter Pan qui est un salaud, la fée bleue devenue une créature difforme (la « fée puzzle »), Gepetto reconverti en savant fou bavarois puis démembré et éviscéré en marionnette… Bref, le grand-guignolesque le plus tordu s’étale dans toute sa splendeur pour le plaisir des fans et devant les yeux médusés des profanes. On regrette toutefois que le Foerster des années 2000 utilise un style de dessin plus élémentaire et naïf que le Foerster des années 80, aux encrages en noir et blanc (plus noir que blanc…) bien plus angoissants !
