L'histoire :
Franck est employé d'une compagnie d'assurances à Hong Kong. Il a quitté la France un peu précipitamment et cherche à trouver dans la Mecque du capitalisme à la chinoise une manière de gagner de l'argent rapidement. Mais il déchante, quand au bout de quelques mois, il n'est pas parvenu à placer ses plans d'épargne, incapable de comprendre ce qui manque aux clients qui le reçoivent, mais ne donnent jamais suite. Il entrevoit pourtant les portes du paradis, en tout cas telles qu'il se les imagine. Des boîtes de nuit branchées où les hôtesses de l'air des compagnies asiatiques viennent chercher de richissimes européens, des soirées arrosées de champagne et de cocaïne, de l'argent facile pour ceux qui ont le culot et l'envie. Lorsqu'il rend visite à un homme d'affaires dans une luxueuse villa pour une énième prospection qu'il devine infructueuse, il se voit pourtant proposer la somme de trois cent millions de dollars. Franck ne parvient pas à élaborer rapidement un placement digne de cet investisseur providentiel. Il rentre dépité dans l'appartement de l'amie qui l'héberge, après avoir noyé sa déception dans l'alcool. Le lendemain pourtant, ce même homme l'appelle, et lui fait une offre qu'il ne peut refuser...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Hedge fund est parti sur des bases solides, réalistes et crédibles, la présence au scénario de Philippe Sabbah n'y étant certainement pas étrangère. Le co-scénariste exerce son activité professionnelle au cœur de grands établissements bancaires et tous les échanges entre les personnages respirent le vécu, tant via le vocabulaire comme dans les situations décrites. Tristan Roulot le scénariste et Patrick Hénaff le dessinateur mettent leur savoir-faire au service de ces connaissances des marchés, pour construire un récit parfaitement formaté aux canons du polar financier moderne. Le duo très complice, qui a déjà produit ensemble Le testament du Capitaine Crown, déroule un récit accrocheur qui monte en puissance de manière efficace. Les premières pages de l'album, avec leurs paysages aériens de Hong Kong, sont un clin d'œil évident aux codes visuels de Largo Winch, mais la comparaison s'arrête là. On ne trouve pas dans ce triptyque qui démarre l'humour du héros de Jean Van Hamme, l'ambiance y est plus sombre, technique et tendue. Le personnage de Franck est dépeint avec suffisamment de profondeur pour être à la fois agaçant et crédible. Tout juste reprochera-t-on à ce premier volume une certaine densité des pages, un (trop ?) grand nombre de cases, rendu nécessaire par les besoins de la mise en place de l'intrigue. Mais l'accroche est bonne, les éléments du suspense sont en place et le thème original de la fuite en avant de traders ivres de réussite fait son effet.
