L'histoire :
Depuis peu, Larry B. Max, agent spécial de l’IRS (Internal Revenu Service : le fisc américain) s’est penché sur les comptes du Vatican, largement suspects. Dans sa ligne de mire, le cardinal Markus Scailes – citoyen américain ! – qui verse des fonds depuis des années sur le compte virtuel d’une société offshore jamaïcaine, alimentant elle-même le compte d’un ancien officier nazi. Mais le puissant argentier en chef de la banque vaticane, suit de près la progression de l’enquête. Alors que Larry s’apprête à rencontrer le directeur d’une banque napolitaine, l’un des rouages de ce système financier sulfureux, ce dernier est retrouvé assassiné, pendu par les pieds au clocher d’une église. Larry ne se laisse pas distraire par la masse de documents compromettants retrouvés sur place et file illico au domicile du banquier, avant que la police n’y pose des scellés. Avec son compagnon de circonstance, le tueur à gage Waldo, ils échappent de peu à une fusillade. Puis Larry pénètre nuitamment par effraction dans le bureau du cardinal et trouve une curieuse piste : Scailes apporte un important soutien caritatif à un collège kenyan, à Nzolo. Il ignore encore que l’enjeu financier auquel se prête Scailes dépasse largement le cadre des secrets entre le Vatican et le 3e Reich, pour répondre aux mystérieux desseins de la « loge des assassins »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome de ce 5e diptyque focalisait sur les accointances financières entre le Vatican et le 3e Reich. On aurait pu croire que cette enquête fiscale allait se conclure dans cette même veine… Pourtant le scénariste Stephen Desberg nous livre finalement un éclairage en contrepied avec la piste nazie initialement évoquée. Il place alors son ténébreux (et néanmoins albinos) héros Larry devant l’obscur dessein d’une loge maçonnique machiavélique… C‘est habile car totalement inattendu (eh eh, faudra le lire pour savoir de quoi il retourne). Parallèlement, il en profite pour éloigner un peu plus Larry de Gloria (ils se parlent par répondeur téléphonique interposé). Cette relation compliquée et platonique est sans doute l’aspect le plus… gavant ! En outre, on ne croit pas une seconde à ces circonvolutions sentimentales ridicules, qui viennent parasiter une (vraie) intrigue intéressante. Si Larry pouvait la larguer une bonne fois pour toute, la série y gagnerait en limpidité (banco : une enquête à Hollywood se profile à l’horizon du tome 11 !). De son côté, Bernard Vrancken change légèrement son mode de dessin, revenant à un travail au pinceau sur des planches grand format. A l’origine de la série, les exigences éditoriales et scénaristes de lisibilités avaient en effet incité Vrancken à livrer un trait fin et détaillé, « plus franco-belge ». Sa nature l’a néanmoins progressivement et spontanément ramené vers un dessin plus ancré. Globalement, cela se sent à travers des planches sombres, avec de grosses masses de noir, à la manière de certains comics américains. Si la démarche est judicieuse et intéressante, elle se situe encore dans un entre deux qu’il reste à peaufiner. Notamment, certaines cases à base de photos retravaillées (la toute première !) ne collent pas avec ces séquences obscures (cf. la planche 16 !), qui elles ne collent encore tout à fait avec les passages qui réemploient l’ancien style. En revanche, le changement de colorisation de Coquelicot, madame Vrancken à la ville, pour la première fois entièrement informatique, ne se fait guère sentir.