L'histoire :
Manfred est resté à Bangkok afin de se soigner et de récupérer de sa récente crise d’appendicite. Jonathan se retrouve alors seul à l’attendre en Birmanie, dans une maison lacustre du lac Inlé, aux abords de la maison de la célèbre prisonnière politique de la junte militaire birmane, Aung San Suu Kyi. L’éternel voyageur qu’il est (du Népal aux Etats-Unis) va alors en profiter pour s’ouvrir à la culture autochtone, la découvrir. Il en vient même à s’initier au Dharma, les écritures révélées de l’hindouisme. C’est pour lui un apprentissage d’autant plus agréable qu’il se lie immédiatement d’amitié profonde avec son « maître », le frère clarté. Jonathan se laisse une nouvelle fois guider par ses émotions, en ayant le courage de rester lui-même, libre et harmonieux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bernard Cosey est un auteur singulier à bien des titres. Au-delà les modes, il a su tracer son chemin en mêlant les histoires de son alter ego, Jonathan, avec des récits complets aux protagonistes à chaque fois renouvelés. Tous ces récits portent la même marque : celle de l’invitation au voyage, à la rencontre, à la découverte, en Suisse (patrie de l’auteur), en Italie, aux Etats-Unis, ou le plus souvent en Asie. Autant le précédent album de la série était épuré et limpide, autant celui-ci est verbal et sinueux, à la manière d’un carnet intime, d’un récit de voyage autobiographique. Sa lecture en devient ainsi moins limpide, une complexité augmentée par un découpage irrégulier des cases et des cadres, renouant avec ce qui avait fait l’originalité de ses premières œuvres. L’histoire, véritable chronique birmane, est dense et riche, au point d’être assez ardue à suivre dans ses propos. Cosey y dénonce la litanie des morts et des disparus, dus au régime du dictateur Than Shwe. Sa façon poétique, voire flegmatique, de mise en scène de la dictature birmane pourra surprendre. Graphiquement, les dessins sont superbes, subliment les propos, et conservent une grande unité. Malgré tout, on reste sur notre faim, ne retrouvant pas la pincée magique qui a fait de Voyage en Italie, Joyeux Noël May ! ou de Celui qui mène les fleuves à la mer, de grands classiques de la BD. On demeure dans la catégorie « Carnets de voyage ». Dommage…