L'histoire :
Kinky et Cosy sont jumelles et seuls les deux petits hublots de Kinky permettent de les différencier : mêmes cheveux filasses, mêmes improbables robes rouges, même corrosivité dans la répartie. Qu’elles arrivent en retard à l’école parce qu’elles ont dormi trop lentement ou qu’elles demandent pourquoi apprendre à utiliser un gilet de sauvetage dans un avion alors qu’on ne leur fait aucune démonstration de parachute sur un bateau : elles ont inévitablement le dernier mot. Dans le petit monde où elles sévissent, elles n’ont cependant rien à envier à l’agent Lex, un policier aux bacchantes village-peopolienne capable de mener un interrogatoire musclé avec son ombre et qui a une étrange manière de régler la circulation. Les rejoignent sans rougir dans ce petit monde déjanté : le docteur Scalpel, qui regrette que ses patients succombent après autopsie ; le commandant Horizon, qui s’emmerde à mourir aux manettes de son Boeing, au point d’espérer avoir un terroriste pour passager ; un papa qui se saoule à la bière équitable dans un bar altermondialiste et une maman qui fait rimer sexualité avec un nombre incalculable d’objets… Qu’on se le dise, avec ceux là pas besoin de loupe pour grossir le trait : l’absurde saute au visage à tous les coins de rues…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bédéphiles aux zygomatiques souples et réactifs, bienvenue à Déjantéland, un univers savamment composé par Nix, dans lequel 2 frangines, dont l’arbre généalogique croise vraisemblablement celui des South Park, trimballe leurs galoches avec rythme et folie. Sous la forme de strips en 3 cases, parfois autosuffisants, souvent prétextes à prolongement, l’auteur flamand multiplie les coups gagnants. Pas facile de faire mouche en quelques cases et pourtant Nix y parvient (les 10 doigts dans le nez plus le crayon), maîtrisant à la perfection la rythmique : intro, développement, conclusion. On pourra toujours trouver quelques grincheux qu’un humour trash et décalé aura du mal à convaincre… Car oui, on croise des godemichets, des hommes troncs, des toubibs qui pratiquent des autopsies sans anesthésie… On retrouve dans l’humour de ce belge, un décalage anglo-saxon Monthy Pythonesque qui ne s’accommode pas toujours des standards du rire gaulois. Le trait dynamique flirte sans honte avec le cartoon et le dessin de presse correspond parfaitement au propos. Compilant la totalité des aventures des jumelles, ce recueil de 316 pages bénéficie d’une édition judicieuse. L’épais format à l’italienne valorise en effet largement le travail de l’auteur et s’agrémente même de plusieurs pages de jeux : un subterfuge qui permet à Nix de pousser le bouchon du décalage un peu plus loin, en jouant sur le contraste provoc pour adulte dans un habillage livre pour enfant.
