L'histoire :
En 1941, Peter Salomon, un espion allemand, s'éloigne seul, de nuit, à bord d'un canot pneumatique, du sous-marin qui le « dépose » au large des côtes martiniquaises. Il accoste et se fait accueillir par Joe le corse et son acolyte Gus, qui comptent cette fois pactiser avec l'Abwehr (les services secrets allemands) pour s'emparer du stock d'or français. En effet, leur présence sur l'île n'est pas innocente. Depuis quelques mois, après avoir traversé l'Atlantique, l'imposante réserve d'or de la Banque de France a été stockée en sureté dans un entrepôt sous-terrain du fort Dessaix. Le gouvernement français craignait en effet que les nazis s'emparent de cette fortune estimée à 12 milliards. Mais un tel stock attise toutes les convoitises... et pas seulement allemandes : américains, anglais, gaullistes et partisans de Vichy manigancent eux aussi sur place. Frye, quant à lui, s'est allié avec Maurice des Etages, un jeune socialiste franc-maçon, qui organise des passages de dissidents vers la France libre. Frye a alors vent d'un puits oublié, dont l'entrée se situe à quelques mètres du fort, qu'il s'agirait de creuser un peu pour pouvoir simplement accéder à l'entrepôt enterré. L'amiral Robert, qui gouverne l'île, tient quant à lui à conserver une position de neutralité, afin de pouvoir éventuellement rallier le vainqueur, quand il se présentera...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Erudits en Histoire, les scénaristes Jean-Pierre Pécau et Denis Lefebvre le sont assurément. Louable était leur intention de partager, au travers d'une BD, un épisode peu connu de la seconde guerre mondiale : les pérégrinations caribéennes des 254 tonnes d'or de la Banque de France, qu'il fallait protéger des convoitises allemandes... et des alliés ! Cette épopée authentique constituait une « matière première » riche en potentiel, pour en dériver une passionnante aventure d'espionnage, de traitrises et une rocambolesque tentative de « casse ». Hélas, faute à une narration très « technique » et à des dialogues verbeux, l'intrigue se met de nouveau en place de laborieuse manière. Les scénaristes cherchent trop à imbriquer les faits historiques secondaires entre eux et ils en oublient la limpidité narrative inhérente à une bonne histoire. Ainsi, en marge de beaucoup de détails certainement vraisemblables et étudiés, il n'y a pas d'assimilation aux personnages et peu de souffle épique. Dans ce second volet, on comprend certes le principal, globalement. Toutefois, à partir d'un tel sujet, il y avait sans doute matière à faire plus palpitant. L'autre limite de l'exercice vient du dessin réaliste de Tibery, qui peine vraiment à faire se distinguer ou, au contraire, se ressembler les visages. On en arrive même à confondre les deux principaux (qui ont la même tête et le même chapeau), à faire machine arrière pour comprendre leurs répliques et les relier à la problématique. Dommage, dommage...