L'histoire :
En 1902, les américains décident de l’organisation des prochains jeux olympiques sur leur sol, en marge de l’exposition universelle dans la ville de Saint Louis. Ils ne veulent pas laisser le monopole de cet évènement aux grecs ou aux français. Ils souhaitent que leurs athlètes prouvent au monde entier qu’ils sont les meilleurs. A la veille de l’évènement, divers athlètes qui s’ignorent prouvent chaque jour la vigueur de leurs jambes et leur endurance. Il y a Andarin Carvajal, facteur à Cuba, qui bat régulièrement le record de vitesse pour sa tournée de courrier. Il y a aussi l’anglais Thomas Hicks qui passe sa vie à finir sur la deuxième marche du podium, en toutes circonstances : sports, étude, vie amoureuse… Il accepte une sorte de pacte faustien proposé par trois inconnus qui lui promettent qu’avec leur « méthode », il finira premier. Il y a encore Len Taunyane et Jan Mashiani, deux sud-africains utilisés en tant que messagers durant la guerre des boers, qui se chamaillent tout le temps. Il y a Frederick Lorz, un américain de Brooklyn, qui fait des ravages sur la gente féminine. Lui a l’habitude de se faire courser par les pères de ses conquêtes …
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le marathon des jeux olympiques de 1904 – les troisièmes de l’ère moderne ressuscitée par Pierre de Coubertin – fut sans doute l’un des pires de l’histoire des marathons. Pour cause : par une température de 30°, l’organisateur américain avait décidé de tester l’endurance des athlètes en état de déshydratation… et il avait très mal balisé le parcours. Subtile idée, non ? Plusieurs coureurs ont ainsi frôlé la mort et le temps du vainqueur est le plus long de l’Histoire : 3h 28mn. Le contexte exact et les performances de chacun des protagonistes de cette histoire narrée par Kid Toussaint sont décrits dans le cahier didactique de la fin d’album. Bien rythmé et bon enfant à outrance, le récit BD qui précède reste en surface. Il met essentiellement en scène les coureurs durant leur course, tour à tour façon Satanas et Diabolo dans leur dingueries volantes, face aux anecdotes parfois surprenantes qui ont inscrit cette course à la postérité. Ainsi la tricherie de Lorz qui a fait une partie de la course à bord d’une voiture (avant d’être disqualifié) ; ou celle de Hicks qui est le premier cas de dopage (avant de ne pas être disqualifié), avec une substance à base de mort-aux-rats, de blancs d’œufs et de Brandy ! Evidemment, le dynamisme du dessin de Jose-Luis Munuera fait tout à l’affaire. Très expressif, bondissant, avec beaucoup de profondeurs et pas avare en décors, il est aussi enluminé par une colorisation délavée à dessein de Sedyas, pour coller aux tonalités des documents passés.