L'histoire :
Ce soir là, lorsque Fito rentre du lycée, il retrouve désespérément la vie de famille qui lui tient lieu de quotidien. Le bougonnement monocorde de son père, les remontrances scolaires de sa mère, et sa frangine Mona qui trépigne de recevoir le coup de fil de sa meilleure amie. Pourtant, lorsque le téléphone sonne enfin, c'est pour Fito : Clara, sa camarade et voisine d'en face, elle aussi passionnée de jeux vidéos, l'invite expressément à se connecter à son modem. Elle lui envoie en effet la démo du tout nouveau jeu que tout le monde attend ! Fito l'enregistre vite sur une disquette et lance l'application, comme hypnotisé par l'écran. En effet, à ce moment se produit un phénomène complètement dingue : la lumière sort de l'écran, décompose littéralement Fito, pour le re-matérialiser à l'intérieur du jeu vidéo ! Un avatar sexy et technoïde lui propose alors un panel d'activités : piloter un super char, copiner avec des aliens, participer à une quête de fantasy... Paniqué, halluciné, Fito en tombe dans les pommes. Quand il se réveille le lendemain, il est de nouveau dans notre réalité, mais il apprend que Clara est dans le coma. Visiblement, son âme a elle aussi été absorbée par le New World Game, mais elle y est restée coincée...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'espagnol Juan Gimenez trône dans la majorité des bédéthèques pour avoir été le dessinateur des 8 tomes de la caste des Méta-barons, un spin-off de l'Incal, aux côtés d'Alessandro Jodorowski. C'est sans doute cette notoriété, associée à la spirale tout-numérique de notre époque, qui pousse aujourd'hui le Lombard a éditer en 2 tomes cette oeuvre jusqu'alors inédite dans la francophonie. Le synopsis du premier tome de ce diptyque réalisé en solo est globalement le même que celui du film Tron (entre autres...) : un jeune homme se retrouve absorbé, au sens propre, par son jeu vidéo. Rien de bien original, donc : se retrouver piéger dans un monde parallèle est un vieux classique des fictions fantastiques. Le thème des hautes technologies gomme également difficilement le décalage temporel de l'édition, rendant certains pans de l'intrigue quelque peu désuets. Notamment lorsqu'on s'aperçoit que le jeu de Fito est lancé depuis des disquettes 3'5... Cet aspect kitsch disparaît néanmoins, une fois que le héros bascule dans le monde virtuel. Il est d'ailleurs étonnant de constater que ces univers cybernétiques imaginaires conservent une forme d'intemporalité. Plus embêtant, la narration rame vraiment à faire avancer l'histoire. Aujourd'hui, on raconterait sans doute la même chose en deux fois moins de pages, en y gagnant en dynamisme. Enfin, le dessin réaliste de Gimenez, un crayonné a priori rehaussé de couleurs directes, est (évidemment) agréable, surtout pour les éléments technologiques (et la partie de strip poker...). Un petit bémol concernant les expressions faciales exacerbées (ah ces yeux cerclés de noir qui sortent des orbites...). A suivre dans le tome 2 qui paraît de concert...
