L'histoire :
Le journal était un lieu de publication de BD avant leur publication en album. C'était aussi un formidable laboratoire d'expérimentations pour des auteurs en herbe (Philippe Delaby, par exemple, le père de Murena) mais aussi un terrain de jeu pour des auteurs confirmés qui publiaient des récits courts et complets, ou des parodies d'auteurs qu'ils connaissaient bien et qui étaient devenus des amis. Carin et Rivière, auteurs de Victor Sackville revisitent l'univers de Blake et Mortimer avec Le théâtre du mystère. Dans ce récit, on retrouve Edgar P. Jacobs enfant, qui s'amuse dans son grenier en s'inventant des histoires avec des figurines (créées par lui-même) qui ressemblent trait pour trait à la galerie de personnages qu'il développera adulte. Mortimer ici s'appelle Jacques. Vance et Greg livrent un baroud d'honneur de Bruno Brazil avec Fausses manœuvres et vraies embrouilles. Bernard Prince sous la plume et le pinceau d'Hermann dévoile un inédit Djinn a disparu (repris par la suite dans un hors-série Bernard Prince d'hier et aujourd'hui. Dany et Greg rendent un hommage appuyé au héros à la crinière blanche dans des Adieux à la Reine remarqués. Les Casseurs mènent l'enquête pour retrouver un sac contenant un péril mortel dans Signé : Danger. Ric Hochet est à l'honneur avec une cavalcade d'auteurs qui lui rendent hommage et une histoire en cadavre exquis. Tour à tour, Denayzer, Dany, Dupa, Franz, Renaud, Ronsinski, Bédu, Magda illustrent une enquête intitulée le Jugement de Dieu...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le jeudi 13 novembre 1947 est un jour à marquer d'une pierre blanche dans l'histoire du 9ème art. C'est en effet le jour de la naissance du Journal de Tintin en France (en Belgique, le journal avait été lancé un an auparavant) avec une première couverture réalisée par Paul Cuvelier, l'auteur de Corentin. Le temple du Soleil (Hergé), ou encore Le secret de l'Espadon (E.P. Jacobs) y étaiet incorporés. D'emblée, c'est un succès incroyable. Chaque nouveau numéro est attendu avec une forte impatience par le jeune lectorat. Pour les lecteurs de jadis, ce pavé est donc une merveilleuse madeleine de Proust qui va les transporter. Pour les profanes, c'est une manière d'explorer les univers d'auteurs majeurs du monde de la BD. Cet immense pavé comporte des pépites, des histoires jamais éditées en album et qui valent le détour, montrant l'effervescence créative et récréative, le sens de la dérision qui régnait à l'époque dans la rédaction du Journal de Tintin. Les auteurs n'hésitaient pas à se moquer de leurs propres créations. Rosinski transposait par exemple son Thorgal et son Aaricia dans les temps modernes, comme des acteurs à part entière. A cette époque, le marketing était un gros mot et n'en était qu'à ses balbutiements. Le monde a bien changé et cette nouvelle parution apporte un vent de fraîcheur, à l'heure où l'intelligence devient artificielle.