L'histoire :
En 1956, un jeune journaliste américain de Springfield (Massachusetts), Joseph Napolitan, invente un nouveau métier et ouvre une agence de Conseil en Communication Politique. L'année suivante, il s'occupe de son premier client, Thomas O'Connor, qui se présente largement perdant à la mairie de sa ville. Napolitan pratique une méthode en trois points : monopolisation des médias pour sortir le candidat de l'anonymat ; relooking d'une image dynamique et sympathique ; discours accès sur les émotions : l'électeur réagit avec ses tripes ! O'Connor sera élu... et Napolitan devient une sorte de gourou de la politique. Quatre ans plus tard, Kennedy lui devra son élection à la Maison Blanche ! En France, Valéry Giscard d'Estaing aura aussi recours à la méthode de communication. Dans une campagne électorale, ce qui compte, c'est la manière dont l'électeur perçoit le candidat, se projette en lui et à l'impression de dialoguer avec lui. Dans les années 60, d'énormes agences se montent ainsi dans les pays occidentaux. Au côté des théoriciens et conseillers, y travaillent des armées de collaborateurs pratiquant divers métiers : psychologues, graphistes, démographes, journalistes, réalisateurs de films, informaticiens, sondeurs, publicitaires...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Notre ère des masse-médias et de la communication mondialisée ultra-réactive a profondément modifié la manière de faire de la politique dans les démocraties occidentales. Désormais, grâce à toute une batteries de biais d'informations qui n'ont pas grand-chose à voir avec la Politique au sens noble, les électeurs n'élisent plus forcément de bons hommes politiques, mais de bons candidats. C'est à dire ceux qui présentent le mieux, ceux qui incitent à la confiance, ou qui inspirent un sentiment de proximité. Historien et Professeur d'université, le scénariste Christian Delporte est aujourd'hui directeur de la revue Le temps des médias. Une fonction idéale pour se livrer à une revue chronologique et thématique emmêlée concernant les méthodes publiques pour séduire les foules. Le dessin moderne de Terreur Graphique tantôt caricatural, tantôt évocateur, se charge d'illustrer la « narration » en dessins majoritairement individuels. Ensemble, les auteurs passent en revue le premier théoricien qui a brillamment mis en pratique une tactique de communication (l'américain Napolitan, cf. résumé), jusqu'aux méthodes particulières de nos récents dirigeants que sont Obama, Sarkozy, Poutine ou Rousseff, en passant par le cas emblématique de Tony Blair, qui a mis un coup de booster au dévoiement de la politique moderne par son exploitation ultime des médias. Son analyse est complète, nécessaire, didactique (c'est le but de La Petite Bedetheque des savoirs, alter ego en BD de la collec' des Que sais-je ?) et à la portée du plus grand nombre. Bien qu'excellemment traité, le sujet est cependant susceptible de n'intéresser que des citoyens déjà sensibilisés au décryptage électoral. Ou d'en écœurer d'autres, jusqu'à les radicaliser. Outrepassons ce risque. Vivons ouverts sur le monde, instruisons-nous et acceptons les errements de notre époque.