L'histoire :
Avec trois millions d'armes abandonnées par les Allemands, le grand banditisme de l'après-guerre a pu prospérer et prendre une dimension jamais connue auparavant. Le gang des tractions-avants prenait de vitesse les véhicules de police. Les attaques de banques, de fourgons se multipliaient, et allaient durer quelques décennies. Beaucoup de grands noms de l'époque s'étaient connus dans des centres de rééducation pour enfants, comme à Saint Hilaire. Des méthodes punitives et violentes qui transformèrent de jeunes délinquants en adultes prêts à tout. A la fermeture des maisons closes, le crime organisé va mettre la main sur la prostitution. Et il en sera ainsi à chaque grande évolution de la société. Les jeux, les cigarettes de contrebande, puis la drogue, deviennent des activités contrôlées par des bandes qui se structurent et s'affrontent. Des anciens militaires, des harkis de retour d'Afrique, des Corses ou des Lyonnais s'illustrent selon les époques. Puis avec l'ouverture des marchés et les bouleversements géopolitiques, c'est une forme de spécialisation géographique qui se met en place, pour la production de drogue, les arnaques bancaires, le trafic de voitures par exemple. Le grand-banditisme s'adapte, mais les méthodes ne changent pas et la violence radicale reste la loi.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les petits livres de la Petite Bédéthèque des Savoirs sont des lectures plaisantes lorsqu'ils proposent un peu plus qu'une simple illustration de textes explicatifs sur le sujet choisi. Avec David B au dessin, c'est le cas. Les truands et criminels, dont nous découvrons les destins, prennent ici une dimension onirique très originale, dans un noir et blanc qui évoque les films des années 30. Des contrastes expressionnistes et des visages très marqués, de pleines pages de compositions surprenantes, mais parfaitement lisibles... Un choix graphique qui donne envie de tourner les pages à la recherche d'une nouvelle surprise visuelle, et qui relègue presque le narratif au second plan. Ce qui tombe bien, puisque les textes de Jérôme Pierrat ne sont qu'une succession chronologiques d'explications, qui va du début du siècle dernier à nos jours. On y apprend à chaque époque ce qui a permis à la grande criminalité de prospérer, et comment elle s'adapte toujours aux évolutions technologiques. Une galerie de portrait avant tout, intéressante à découvrir car elle va plus loin que les quelques grands noms connus du grand public. Et donc très bien mise en lumière par David B.