L'histoire :
Au commencement était Black Sabbath, qui signe l'acte de naissance du Heavy Metal en 1970 avec son premier album, et quelques morceaux qui resteront cultes. A l'image de son premier chanteur, Ozzy Osborne, une icône qui traverse les décennies en une succession de grandeurs et décadences. Alors que la fin des Beatles voit le rock partir dans de multiples directions, le Heavy Metal se distingue par un goût déjà prononcé pour l'extrême. Dans la dureté des sons qui exploitent les développements techniques de la guitare électrique, ou dans les tenues vestimentaires provocantes à la Alice Cooper ou délirantes à la Kiss. En marge du courant fort d'un rock dur, se développent des variantes plus ou moins commerciales et consensuelles, tandis que la tendance de fond d'une radicalisation donne progressivement naissance à d'innombrables courants. Motörhead, Judas Priest, Metallica ou Iron Maiden illustrent cette diversité qui peut s'accompagner de succès mondiaux, tout en gardant la réputation sulfureuse qui braque la frange la plus conservatrice de l'opinion contre une musique aux sonorités et aux propos considérés comme sataniques. Après eux, Sepultura, Korn ou Slipknot illustreront à la fois la continuité et la radicalisation d'un genre, tandis qu'a travers le monde, des extrémistes s'emparent du genre pour véhiculer un véritable message de haine raciale. Aujourd'hui, pourtant, dans les pays les plus improbables, dans les sociétés les plus contrôlées, un vent de liberté souffle parfois derrière les accords des groupes de métal...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Autant le préciser d'entrée de jeu, ce n'est pas un album de BD à proprement parler que Jacques de Pierpont et Hervé Bourhis proposent pour ce quatrième volume de la Petite Bédétheque des Savoirs, mais un livre illustré tout à fait traditionnel. Une anthologie de la musique métal des origines à nos jours, chronologique et fouillée, instructive et documentée. Les pages voient se succéder les paragraphes d'explications sur l'évolution du Hard Rock en Heavy Metal, puis en une multitude incroyable de sous-genres. Chaque fois, les dessins de Bourhis montrent un groupe, un artiste ou une pochette de disque qui illustre le propos, sans y ajouter d'autre valeur qu'une image bien choisie. L'album se lit donc comme un livre qui donne des points de repères temporels cohérents, avec l'avantage de fournir une liste très exhaustive d'albums marquants qui permettent réellement de se faire une idée de l'évolution extraordinaire du genre. Il y a peu de points communs entre Black Dog de Led Zeppelin et No Heroes de Converge, et cette rétrospective donne un aperçu très riche de l'énorme palette de styles, de sons de guitare, et de chants plus ou moins gutturaux qui mènent de l'un à l'autre. L'album, du coup, ne présente pas d'autre intérêt qu'une petite heure d'immersion érudite, pour celui qui voudrait savoir ce qui existe au-delà de Metallica, ne donnant pas de réel point de vue journalistique sur la signification de ce mouvement musical. La dimension illustrée est pertinente, mais elle n'apporte elle non plus rien de particulier, et rien de plus que ne le feraient de simples photos. Le choix des auteurs est finalement d'une très grande neutralité.