L'histoire :
A l'origine des films de zombies, il y a le témoignage de William Seabrook, un auteur du Reader's Digest, qui rapporta d'un séjour en Haïti des expériences vécues spectaculaires et marquantes. Le premier film du genre à la fin des années 20 s'en inspira, et le filon continua de se creuser jusqu'aux blockbusters récents, en BD, séries télé ou au cinéma. L'histoire de Clairvius Narcisse, déclaré mort en 1962, et retrouvé bel et bien vivant quelques années plus tard lorsqu'il raconte son expérience à sa propre sœur, est le point de départ d'une plongée au cœur des traditions haïtiennes. On y apprend qu'une formule secrète de poison est utilisée depuis quelques siècles par les bokors, détenteurs des secrets de fabrication de décoctions à base d'un puissant neurotoxique d'origine végétale. Les victimes de ces sorciers peuvent être déclarées mortes, mais enterrées vivantes, leur cœur ralenti à l'extrême par le poison dont ils ont été les victimes. Les exemples sont nombreux de ces hommes et femmes transformés, réduits en esclavage. Des silhouettes familières qui alimentent les croyances, et renforcent les pouvoirs de ceux qui en connaissent les mystères...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ce nouveau volume de la Petite Bédétheque des Savoirs, la collection franchit un cap graphique en s'offrant les services de Richard Guérineau, un dessinateur réaliste qui s'est illustré dans des best-sellers aux côté de Corbeyran, dont la série fantastique Le Chant des Stryges. Les premières pages donnent immédiatement le ton d'un album très travaillé, où le classicisme du trait de Guérineau et les couleurs remarquables qu'il utilise créent une ambiance unique. On en apprend par ailleurs beaucoup sur l'origine du mot zombi (sans e) sur l'île d'Haïti, et sur le poison incroyable qui transformait pour de bon des hommes en pleine forme en créatures au comportement terrifiant. Le scénario de Philippe Charlier, médecin légiste de son état (ça ne s'invente pas), nous livre une épatante quantité d'informations sur les pratiques d'influence Vaudou sur l'île de Baron Samedi. On se projette littéralement sur place et on s'imagine faire face à l'une des victimes de ces empoisonnements. Alors certes, le scénario ne réserve pas de surprise narrative, totalement porté par la qualité des explications fournies par ce scénariste spécialiste. Mais les belles mises en scène de Guérineau suffisent à tenir le lecteur en haleine, les deux auteurs réussissent un travail surprenant et très lisible. Et un peu flippant quand même !