L'histoire :
Tout commence avec Clovis et son baptême, qui marquerait le début d'une influence nouvelle de l'Eglise sur les terres de ce qui fut l'empire romain. Evidemment, trois siècles plus tard, fort de relations très fortes avec la papauté, Charlemagne étendra son empire et se fera finalement couronner en l'église Saint Pierre de Rome. Une reconnaissance qui ne serait pas sans lien avec la montée en puissance de l'influence musulmane, notamment en Andalousie. On découvre aussi, au tout début du XXIIème siècle, le moine Suger, homme de mission envoyé auprès des rois et du saint-père, qui deviendra l'abbé de Saint Denis, et décidera d'innover en construisant une basilique aux formes nouvelles. Démarré sous Louis VI et terminé sous son successeur, le chevet du bâtiment marque le début du style gothique, avec ses arcs brisés radicalement nouveaux. Ou un siècle plus tard, l'invention du roman, écrit dans la langue du peuple et racontant des histoires destinées à plaire à ceux qui les écouteront. Et que dire de Pérotin, le compositeur qui inventa littéralement la musique classique en donnant une dimension majeure aux polyphonies que ses prédécesseurs avaient explorées. Alors, bien avant la Renaissance, le moyen-âge aura été bien plus qu'une époque un peu sommaire et barbare, il aura vu des transformations majeures, en Europe et en relation déjà avec le reste du monde.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pas facile de choisir la bande-dessinée pour un livre d'Histoire qui veut raconter le moyen-âge avec un regard un peu moins monolithique, mettant en avant de grands personnages avec davantage de subtilité que les résumés rapides que l'on a retenu de ses livres d'école. Arnaud de la Croix a de l'ambition dans sa préface, mais la mécanique de l'album l'emporte un petit peu. On passe dans l'ordre chronologique par Clovis et Charlemagne, mais on découvre aussi le savant Gerbert devenu pape et toute une série de grands noms qui ont façonné le continent européen, préparé les grandes inventions des siècles qui vont suivre. On comprend, avec l'accumulation des destins qui sont racontés, à quel point le pouvoir et la religion ont évidemment été étroitement liés. On en sait un peu plus sur l'habileté de certains rois pour utiliser ce levier à leurs profits. Les quelque vingt portraits se suivent sans lien forcément entre eux, chaque fois en une dizaine de pages, émaillées seulement de quelques dialogues qui illustrent les textes explicatifs et de nombreuses notes en bas de case. Philippe Bercovici est étonnant dans le rôle d'illustrateur de ce livre d'Histoire. Son dessin que l'on associe toujours aux albums de gags réalisés avec feu Raoul Cauvin ne change pas, mais montre une précision dans les décors que l'on ne connaissait pas forcément. Ce n'est pas sa première incursion dans un genre sérieux, il garde une pointe d'humour mais dans l'ensemble campe de vraies ambiances d'époque. Il faut un petit goût pour la redécouverte de notre histoire pour apprécier cet album, classique dans sa structure et précis dans son contenu. Mais on en apprend pas mal sous un format agréable et abordable.