L'histoire :
En accrochant le string rose de sa fille Anémone sur le fil à linge, madame Rutherford fait un malaise subit. Le médecin est formel, il s’agit d’une « smogulation de pompe », fatale. Avant de trépasser, elle a néanmoins le temps de parler à sa fille. En effet, pour que cette dernière profite de son héritage, elle doit d’abord retrouver son père, un vétérinaire aux cheveux de nylon, qui soufflait dans le cul des chevaux, disparu il y a 24 ans. Anémone engage alors Matt Brenan, spécialisé dans les chasses et rescousses en tout genre. Le seul indice dont elle dispose est l'emplacement potentiel de son père : la zone 237 sup., un lieu on l’on ne pénètre qu’à condition d’avoir un permis officiel de marchand de laitues. Brenan se procure donc ledit laissez-passer et engage Charlemagne de Trecy. Ce dernier, un colosse au cœur tendre, est beaucoup plus brutal lorsqu’il est perturbé par des visions démentes. Pendant ce temps, effectivement, dans les laboratoires de la Pro-Genetics de la zone 237 sup., le docteur Rutherford et sa fidèle Pénélope – une assistante transie d’amour pour ce bel homme à la blondeur de nylon – peaufinent une prodigieuse découverte : la double-hélice !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une baignoire qui vole, une langue qui sort d’une trompette, un essuie-glace en forme de main… Attention, vous pénétrez ici en terrain totalement surréaliste. Car plus qu’exagérée, la vie de cet Homme nylon est surtout saugrenue au dernier degré. Le scénario de Hans-Michaël Kirstein, ami de longue date de sieur Hermann, vise clairement à emprunter un sens de l’absurde digne des Monty Python ou d’André Breton. Résultat de la défragmentation des clusters de notre réalité : si le récit est assurément loufoque, il reste également relativement hermétique. En fait, tout dépend de votre esprit d’ouverture et de tolérance en la matière, mais il ne faut surtout pas chercher de cohérence particulière à cet ovni burlesque. A tout moment, n’importe quoi peut arriver, sans limite. Il peut s’agir d’une case présentant de manière gratuite un inuit patiemment occupé à pécher sur sa banquise, d’une théière volant dans le sens de la circulation, ou de la forme impertinente d’une canalisation, détails insignifiants dans le coin d’une case (parmi tant d’autres). Sur cette partition décalée, à des années lumières des standards, Hermann revient à un dessin encré, exécuté assez rapidement, sans peaufinage particulier. L’artiste, qui n’a plus grand-chose à prouver en matière de bande dessinée, se fait visiblement plaisir dans un registre peu accessible au grand-public. A réserver aux lecteurs avertis…