L'histoire :
La présence de l’armée et du naturaliste Charles Darwin n’y change rien : les meurtres horribles continuent à plonger le Yorkshire dans la terreur. Vues les entailles profondes qui lacèrent les victimes, les tronçonnant même parfois en plusieurs parties, les exactions sont vraisemblablement commises par une bête féroce de taille inhabituelle. C’est la raison pour laquelle le premier ministre britannique dépêche désormais là-bas Henry Rillons, l’un de ses meilleurs chasseurs, spécialisé dans la traque des grands fauves. Or le train qui amène Rillons et son équipe est attaqué en cours de route par les créatures griffues. D’une taille et d’une force colossales, elles découpent carrément les parois des wagons et font un carnage, qui amène le train à s’écraser au fond d’un ravin. Cet énième massacre laisse les autorités de Sa Majesté totalement désarmées. Darwin, lui, a désormais bien compris de quoi il retourne. Lui-même est l’un de ces griffus thérianthropes, descendants directs d’une branche clandestine d’êtres humains, apparue au début des temps anciens. Darwin renie pourtant sa nature, autant que faire se peut, et refuse notamment de participer au massacre général qui a été décrété par ses congénères, conduits par un dénommé Bruce Hudson…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce troisième opus apporte toutes les réponses et conclue de manière satisfaisante le thriller d’horreur initié sous la houlette de l’éclectique scénariste Sylvain Runberg. Certes, l’existence de créatures monstrueuses fantastiques à l’époque de l’Angleterre victorienne cède un peu à la facilité : les amateurs de polars à l‘ancienne auraient sans doute préféré une habile pirouette cartésienne. Mais on accepte ces explications « surnaturelles » qui permettent d’écorner l’œcuménisme naturaliste fondé par Charles Darwin, dont les préceptes évolutionnistes se trouvent ici en opposition avec la Double nature. Mais ne voyez pas là non plus une remise en question de la théorie de l’évolution : l’intention n’est nulle autre que le divertissement, avec force hémoglobine et séquences frissonnantes. A ce titre, le dessinateur Eduardo Ocaña ravit ses lecteurs en montrant enfin les bestioles thérianthropes sous toutes les coutures, et plus seulement au travers d’insaisissables et éphémères mouvements. L’impressionnante attaque du train ou de la convention féministe, tout comme la séquence de mutation de Darwin en griffu (inspirée tout à la fois de Hulk, Manimal et Mister Hyde), sont des moments marquants. Avec leurs longues griffes, leur regard démoniaque et des dents pointues partout, il y a peu de chance qu’on en fasse des peluches marketing…