L'histoire :
Copenhague, novembre 2017. Dans un hôpital, une femme maghrébine voilée, Madame Saffieddine, donne le sein à son enfant... un bébé blond au yeux bleus. Son mari vient lui rendre visite. L'infirmière arrive et confirme d'après l'analyse ADN que l'enfant est bien des deux époux. Face à elle, dans la même chambre, une jeune femme blonde regarde la scène avec stupéfaction. À la terrasse d'un bar, Niels et Martin discutent. Martin travaille dans un laboratoire d'analyse et il a assisté à une drôle de situation. Il y a eu une erreur d'étiquetage sur un prélèvement utérin et il a fait des analyses qu'il n'aurait pas dû faire. Ça l'a tellement surpris qu'il a piqué des prélèvements pour mettre au clair cette étrange affaire. Ailleurs, une femme allaite un bébé blond. Son mari ne comprend pas : il ne la touche pas depuis longtemps et le père de l'enfant qui vient de naître est noir. Il s'appelle Bilal. Bruxelles, mai 2018. Dans une salle de rédaction, un rédacteur en chef a en sa possession le dernier rapport démographique de l'UNESCO et ce qu'il contient pourrait faire l'effet d'une bombe... Sur les six derniers mois, la ville de Copenhague a enregistré la naissance de 830 enfants adultérins !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans cet album, le Danemark se trouve dans une situation particulièrement absurde : tous les enfants qui naissent sont blonds aux yeux bleus, quels que soient l'origine ethnique de leurs parents. Ces circonstances plongent le pays et les autres contrées européennes dans le chaos social et politique. Avec ce pitch de départ foncièrement original, Clarke prend l'époque actuelle à contre-pied (en opposition au drame des migrants qui veulent venir en Occident), avec des immigrés qui veulent regagner leur pays d'origine, s'estimant victimes d'une épidémie. Repli communautaire, accueil des migrants, mixité sociale, « vivre ensemble », mais aussi enjeux économiques et pharmaceutiques (une référence à peine dissimulée au fiasco du vaccin contre le H1N1 en France) qui en découlent, sont autant de thèmes abordés ici pour éveiller le débat. Même si la narration n'est pas toujours fluide et que la fin est alambiquée, la lecture des Danois secoue les a priori et c'est bien là l'essentiel. Au dessin, Clarke livre une performance graphique efficace et juste avec beaucoup de focus sur les personnages, sans s'appesantir de décors superflus. De l'uchronie à la réalité, il n'y a qu'un pas que l'avenir pourrait bien franchir.