L'histoire :
Bukavu, 3 janvier 1961. Les troupes loyalistes du colonel Mobutu sont soutenues par les paras belges. Les forces pro-lumumbistes ont retourné leur colère sur les résidents blancs. La ville est en état de siège. Le docteur Thomas Deschamps réussit à s’échapper en empruntant les chemins de traverse. Il file voir ses amis Paul, Ninette et leurs enfants. Mais arrivé sur place, il tombe sur l’un des employés de Paul qui lui indique qu’ils ont tous pris la route pour Kabare, là où les bandes de pillards ont incendié les plantations. Il reprend la voiture et s’arrête un peu plus loin, devant une maison. À l’intérieur, il découvre Hortense qui n’a pas revu Barnabé depuis que celui-ci à entendu des coups de feu du côté de chez Paul. Quand il se retourne, il se retrouve face à des soldats armés de fusils et de machettes…
Bruxelles, musée royal des beaux-arts, 15 janvier 1961. François contemple La Chute d’Icare, un tableau de Bruegel inspiré du texte Les Métamorphoses d’Ovide. Il discute avec le Père Mutien et l’informe que les nouvelles sont rassurantes au Congo. Les bandes se contentent de piller les demeures et les entrepôts des plantations. On déplore des actes de violences physiques. Mais jusqu’ici il n’y a pas eu mort d’homme...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En ce début des années 60, le monde change, il devient bipolaire. Les Américains et les Russes se livrent une lutte sans merci pour gagner la bataille idéologique. Au Congo, Patrice Lumumba, pro-russe, est assassiné et le Général Mobutu, aidé par les États-Unis prend le pouvoir. En Algérie, le processus de décolonisation bat son plein et l’OAS essaie tant bien que mal d'éviter l’inéluctable. À Paris, des Algériens sont balancés dans la Seine en marge de manifestation sanglantes. À Bruxelles, on s’inquiète pour l’avenir des expatriés. A Berlin, on s'inquiète pour un pays qui se scinde. Ainsi va le monde… C’est sur cette toile de fond, que l’indéfectible duo Warnauts et Raives a choisi de placer son intrigue. Après un premier tome d’ouverture à la narration pas toujours simple à suivre, ils rectifient le tir en entrant directement dans le vif du sujet. Leur maîtrise dudit sujet saute aux yeux, tant narrativement, en jonglant avec la fiction et la réalité, que graphiquement, avec un récit parfaitement illustré. La reconstitution de l'époque force l’admiration. On plonge littéralement dans les sixties avec un plaisir non dissimulé. Au final, c’est un récit particulièrement intéressant sur des hommes et des femmes pris dans la tourmente de l’Histoire, dans la passion et la mort qui leur tend les bras.