L'histoire :
Pour avoir incarné sa vie durant l’égoïsme et la fourberie personnifiés, Kriss de Valnor aurait dû, à sa mort, rejoindre les enfers. Cependant, en se sacrifiant dans le lit du torrent de Ravinum pour sauver Thorgal et sa famille, elle a commis un acte de bravoure pure. C’est pourquoi, avant de décider de son sort et de la conduire aux enfers ou au Walhalla, le tribunal des Walkyries présidé par la déesse Freyja souhaite entendre de sa bouche le récit de sa vie avant qu’elle ne rencontre Thorgal. Kriss se prête donc malgré elle à cet examen qui l’a conduit à décrire la violence de son enfance, la fuite de son village et la rencontre avec Sigwald, un troubadour dont la fille est séquestrée. Kriss aide l’homme a retrouver sa fille. En échange, il devra lui apprendre à se battre, manier arc et épée. Mais l’aventure est un échec et il s’en faut de peu pour que la trahison d’une aubergiste condamne les deux nouveaux amis. Bientôt les années passent… Sigwald tient sa promesse en entrainant durement Kriss. Ils gagnent leurs vies en se déplaçant de village en village pour présenter leurs tours ou voler quand ils n’ont pas d’autres choix. Et puis un beau matin, le hasard les conduit aux abords du village ou Kriss a grandi...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dédié à la vénéneuse Kriss de Valnor, ce spin off de Thorgal s’offrait un double pari, par le truchement d’un judicieux artifice (un procès en réhabilitation par le tribunal des Walkyries) : imaginer une potentielle suite à l’album 28 de la série mère (dans lequel la belle guerrière meurt) et éclairer notre lanterne sur l’histoire de la jeune femme avant qu’elle n’apparaisse au coté du valeureux viking dans Les Archers (tome 9). De fait, en bouclant la lecture de ce second volet, force est de constater que le double objectif est largement rempli. Yves Sente se joue en particulier très habilement des pistes laissées en friche par Jean Van Hamme pour construire à Kriss de Valnor un passé cohérent. Parfaitement raccord, en tous cas, à la série-mère et justifiant un peu plus encore la psychologie trempée du personnage. Quelques grincheux trouveront à l’exercice quelques facilités dans l’usage de grosses ficelles ou de surenchères pour assoir la démonstration. Mais les vrais amoureux de Thorgal ne bouderont pas leur plaisir à voir s’ériger tout un habile réseau de connexions avec le tome 9 de la saga (qu’on ne peut, du coup, s’empêcher de relire !). En outre, pris à part, ce second tome ne ménage pas son lecteur en offrant une aventure certes pas des plus novatrices mais dynamique en diable et captivante du début à la fin. Enfin, la fameuse sentence proclamée par le tribunal offre des perspectives à la fois intéressantes et savonneuses pour l’univers de Thorgal tout entier (série principale et dérivées). Bref, un joli coup, indéniablement réalisé par des fans de l’ère Van Hamme-Rosinski, qui n’ont pas fait le choix de la réappropriation. Notons d’ailleurs qu’une deuxième fois, Giulio de Vita rend une copie impeccablement fidèle et maitrisée.