L'histoire :
Rien ne va plus dans la maison de Cubitus. Son maître Sémaphore est nostalgique car il trouve que Cubitus n’a rien d’un chien : il faut dire qu’il cuisine des lasagnes, utilise un téléphone, surfe sur internet et se brosse même les dents ! Il essaie donc de transformer Cubitus pour qu’il redevienne un vrai chien : l’opération s’appelle une « recanisation » et elle a lieu à l’école des chiens, dirigée par l’inflexible Mademoiselle Choupette. Pourtant, Cubitus ne se débarrasse pas aussi facilement de ses réflexes humains. Les cours sont donc très éprouvants, d’autant que la vie n’est pas toujours rose à l’extérieur de l’école. Le nain de jardin Helmut est de plus en plus irascible et il fixe un ultimatum : il réclame fermement un droit d’accès à la maison, car il en a assez de vivre dehors. Plus des jours de congé, car il en a assez de travailler aussi intensément. Et il veut aussi qu’on lui trouve une femme, car il ne supporte plus la solitude. Les ennuis s’amoncellent puisque l’escargot Médor a décidé de produire de la salade en masse pour l’exportation ! Entre deux questions de la lectrice Marion, auxquelles Cubitus se doit de répondre, il faut aussi se protéger de la méchanceté et de l’espièglerie du voisin chat Sénéchal. Le travail ne s’arrête jamais puisqu’il faut aussi recycler les bulles usagées des albums précédents. Tout cela n’est rien, à côté de l’angoisse qui agite notre pauvre Cubitus : en effet, il se demande ce qu’il peut faire le jour où les lecteurs n’auront plus envie de lire des bandes dessinées comiques. Avec Sénéchal, il s’essaie donc à d’autres registres, avec plus ou moins de succès…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà deux tomes qu’Erroc, le scénariste de la célèbre série Les profs, a pris la relève de Pierre Aucaigne. Dans cette troisième réalisation, Erroc multiplie les clins d’œil. Clin d’œil à son autre série phare tout d’abord, les Profs. En effet, Cubitus se rend régulièrement à une école pour chiens pour réapprendre les fondamentaux du comportement canin. Cette fois, ce ne sont pas les professeurs qui sont la vedette de cet album mais bien les petits chiots qui ont un drôle de camarade : Cubitus ! Les gags sont souvent très drôles, avec cette idée décapante : Cubitus a en effet bien du mal à se comporter comme un chien normal et il récolte toujours le bonnet d’âne (un comble pour un chien !). On a aussi des clins d’œil à l’univers de Gotlib : le bestiaire animalier des aventures de Cubitus avec l’escargot PDG, le nain de jardin ombrageux et le chat farceur, rappellent la galerie des compagnons en background de Gai Luron. Il y a également des références appuyées à cette série avec les lettres de Marion et ses questions inintéressantes qui évoquent les courriers de Jean-Pierre Liégois, fidèle lecteur (du Var) de Gai Luron. Les références pullulent ainsi, nombreuses, et créent une complicité sympathique avec le lecteur. Erroc construit également son album en multipliant les références dans sa propre histoire. Il aborde ainsi plusieurs sujets qu’il décline ensuite, à l’envi, dans des gags d’une planche : la relation entre le nain de jardin Helmut et Ursule, les tentatives de Cubitus de se changer en autre chose qu’un personnage comique, le recyclage des textes de bulles… Ces gags variés sur un même thème créent un effet comique de répétition très agréable. L’ensemble est diversifié mais offre une belle unité. Il faut dire que le début arrache à peine un sourire... mais il a le mérite de planter les différentes intrigues. Le reste est plus subtil, notamment dans ses chutes humoristiques ou ses titres, qui font là encore référence à des sujets d’actualité en en détournant les mots. Le travail graphique de Michel Rodrigue, qui reprend subtilement le style du regretté Dupa tout en le modernisant quelque peu, demeure convaincant. Plein de vie et de tendresse à la fois, son dessin est parfait pour incarner notre chien préféré. Une belle continuité pour une série qui a toujours du chien.