L'histoire :
Ce matin là, Cubitus est réveillé par la perceuse de Sémaphore, qui s'affaire à installer un interrupteur conttre le mur extérieur de la maison. Grommellant, Cubitus demande des explications : c'est pour éteindre quelle pièce ? Son maître lui rétorque que cet interrupteur ne servira pas à éteindre dedans, mais à éteindre dehors, afin de pouvoir dormir plus longtemps... Dont acte.
Cubitus est tout excité par la super devinette qu'il a préparé à l'intention de Sénéchal, son voisin chat auquel il adore pourrir la vie. Il s'agit pour lui de trouver un chiffre auquel il pense très fort, situé entre 1 et 3 587 669. Sénéchal voit déjà venir la baffe. Pressé de répondre, il dit au hasard : 254. Cubitus tire une mine dépitée : incroyable, c'était le bon chiffre. Le chien tourne les talons, l'air renfrogné, puis se ravise soudain et assène tout de même la baffe à son voisin. Il avait oublié qu'avec la crise, tout augmente. Le bon chiffre était donc 255.
Après une pleine journée de bichonnage et d'entretien de son fameux side-car, Sémaphore propose un petit tour en ville à son toutou. Cubitus attache donc son casque, mais il est blasé et agacé par cette ruine à laquelle son maître semble accorder une intelligence. Or ça ne manque pas : dès le premier coup d'accélérateur, l'engin explose littéralement ! Cubitus est forcé de reconnaître que l'intelligence de la moto lui a permi de s'autodétruire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A la mort de Dupa, en novembre 2000, les éditiions du Lombard qui avaient la charge de faire perdurer son oeuvre, avaient confié la confection des gags de Cubitus à Michel Aucaigne. A vrai dire, malgré les talents comiques de ce dernier, malgré le coup de crayon de Michel Rodrigue conforme à la ligne « Dupaienne », la mayonnaise ne prenait pas franchement. Le gros toutou blanc avait perdu son esprit burlesque et nous divertissait tout juste via des gags très consensuels. Six tomes plus tard, et le destin de cette série culte est aujourd'hui confié à Erroc, un vétéran du registre humoristique. Erroc s'est en effet jadis aiguisé les dents sur Pif Gadget (aux côtés de Yannick sur Hercule) et sur le Journal de Mickey. Aujourd'hui, Erroc connait un vrai succès avec les Profs et ressuscite pour de bon Cubitus ! Enfin la verve comique de Cubi est dans son juste ton : décalé et absurde. Toujours incorrigible gourmand et inventif quand il s'agit de pourrir la vie de son voisin le chat Sénéchal, notre héros apôtre de Diogène recupère surtout une propension à prendre du recul sur sa condition, sa mauvaise foi et, de temps à autre, à jouer avec les structures du médium BD. Jusqu'aux titres des gags qui regagnent de leur percussion, via des jeux de mots plus finauds. En outre, le coup de crayon de Rodrigue est toujours très respectueux des codes graphiques mis en places par Dupa. Comme l'indique le titre de l'opus (un jeu de mot en référence à une autre série culte), la thématique plus ou moins centrale est cette fois la pingrerie du voisin, mais elle importe peu. Les vrais bonnes idées viennent par exemple de la mise en avant de Médor l'escargot, ou de l'animation soudaine et géniale d'Helmut le nain de jardin. Alleluïa, Cubitus est de retour !