L'histoire :
Début du XVIIème siècle, au cours de la longue et désastreuse guerre de trente ans. En Allemagne, l’Empereur des Habsbourg, un catholique, doit faire front aux armées des petits princes protestants. S’y mêlent aussi français et espagnols. Bientôt, comme toujours, on ne sait plus pourquoi ou contre qui on se bat. On essaie de survivre en se payant sur le peuple. On pille, on vole, on tue… Le diable mène la patrie, la mort fauche à tour de bras. Les soldats, affamés, désertent, se rassemblent en bandes brigandes. Les « sans-visages » sont de ceux-là : des mercenaires vendus au plus offrant, quelques illuminés portés par une foi aveugle, un ou deux nobles au service d’une cause oubliée, une poignée de soldats de métier las d’enfourcher des causes perdues… A leur tête un capitaine, sans doute vaillant, qui méritait gloire et honneur, mais que l’absurdité des engagements a transformé en loup, chef d’une meute affamée et enragée.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette histoire débute dans un décor apocalyptique d’une guerre des plus barbares ! Une bande de charognards masqués est pourchassée par la cavalerie de Nusch. Contraints de fuir, ils trouvent leur salut dans un passage étroit qui les mène vers une vallée oubliée. Ce fragment de jardin d’Eden est habité par des paysans qui vivent dans la quiétude et la sérénité. Sous l’autorité d’un chef charismatique, la bande d’écorcheurs va tenter de s’y intégrer en respectant les règles établies. Malheureusement, la chair est faible. Chassez le naturel, il revient au galop : certains mercenaires enragés n’arriveront pas à se conformer à une vie rangée. Dans ce one-shot concocté par « l’elfologue » Pierre Dubois, on retrouve évidement un peu d’univers druidique, avec certains rituels organisés par les chefs du village, mais également une aventure captivante. En effet, la cohabitation entre les sans-visages et les « innocents » de la vallée oubliée n’est pas sans susciter des inquiétudes parmi les différents chefs. Le scénario est bien ficelé car il nous tient habilement en haleine. On attend avec une certaine impatience le moment où tout va déraper. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’on n’est pas déçu quand ce moment arrive. Le dessin en couleurs directes de Kas est juste superbe : l’auteur est aussi à l’aise pour illustrer des scènes d’une rare violence que les paysages bucoliques. Les femmes ont des plastiques de pin-up avec des lèvres charnues et des poitrines généreuses. Un album de la collection Signé chez le Lombard, qui mérite le détour en cette rentrée littéraire 2019 bien chargée.